
On peut comprendre l’état d’esprit des pacifistes qui minimisent (ou nient pour certains) l’utilisation des gaz toxiques en Syrie par BACHAR EL ASSAD. En effet, qu’est ce que 2000 victimes gazées face aux 120 000 morts de la guerre civile ?
Cette comparaison n’est pas nouvelle, les 250 000 victimes de la bombe atomique d’HIROSHIMA et NAGASAKI ne pesaient pas lourd face aux millions de morts de la 2ème guerre mondiale. Et pourtant, ce qui sépare complètement la question des "armes de destruction massive" des outils guerriers classiques, reste tout simplement une question de civilisation : l’éradication de populations entières ainsi que la mortalité induite pour les survivants et leurs descendants peut elle être banalisable ? (...)
Plus jamais cela ! C’est le mot d’ordre qui a soulevé des foules immenses au début du 20ème siècle, et qui explique la naissance à la fin du même siècle d’une convention pour l’interdiction des armes chimiques, ratifiée par 188 pays en 2013, sauf par la Syrie et Israël.
Cette convention comprend un observatoire efficace, un désarmement réel sur le terrain, avec de bons moyens d’intervention sur la destruction des stocks, sur l’exportation et sur le commerce des précurseurs. Véritable référence et joyau des lois internationales, qui fait baver d’envie ceux qui veulent des conventions pour interdire les armes biologiques ou les armes nucléaires.
Elle est mise en péril par le conflit syrien et son sinistre message : une "loi" internationale universelle, aussi sophistiquée soit-elle, peut voler en éclat par simple décision d’un chef d’état en guerre civile. Rien dans son contenu ne permet d’agir dans ce cas. Ce vide, qui pourrait être comblé par une décision unilatérale de l’ONU, même si cette convention est autonome, ne peut l’être car il suppose l’unanimité du conseil de sécurité. Si celle-ci n’existe pas, la seule alternative est une réponse maximale et l’utilisation directe d’armes par une puissance extérieure : entre l’indifférence et cette "punition extrême" il n’y a rien, ni dans la convention ni dans le système international de surveillance. La seule issue proposée est d’attendre la fin du conflit et de prévoir un hypothétique recours au tribunal pénal international après décompte des survivants.
Le roi est nu !
Et la convention, même après la signature de BACHAR EL ASSAD, reste sans effet protecteur pour le peuple. Ceux qui psalmodient sur le recours de "la communauté internationale" ne nous proposent qu’une simple incantation. Le seul résultat tangible est le retour au 19ème siècle et ses conciliabules entre grandes puissances impérialistes (ici USA / RUSSIE) sur le dos des peuples.
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Dans l’état actuel des choses, et face au retour ringard du débat exclusif USA-RUSSIE, une possibilité existe pour changer la donne : avec l’opinion publique déboussolée, pourquoi ne pas lutter pour le retour du multilatéralisme autour d’une proposition simple pour l’ONU :
L’interdiction et l’expulsion de TOUTES les armées étrangères, du Hezbollah aux pasdarans iraniens et de tous les djihadistes d’al QUAÎDA.
Cela permettrait de rouvrir le dialogue au sein des forces populaires progressistes du monde si divisées sur la Syrie (confer le FSM de Tunis). Cela répondrait à la fois à ceux qui soutiennent l’armée syrienne libre et ceux qui s’alarment du rôle grandissant d’Al Quaïda soutenu par l’ARABIE SAOUDITE et le Qatar. Si on veut une "solution politique" et si on ne veut pas la réduire à un gentlemen agreement entre grandes puissances, il faut un cadre garantissant son caractère global, donc cohérent avec la définition de l’ONU. La condamnation de l’internationalisation du conflit sur le sol syrien en est la condition première.
Pour que ce premier pas soit crédible, il faut être clair sur la démarche : il ne s’agit pas de s’illusionner sur l’efficacité immédiate d’une telle résolution de l’ONU, avec peu de chances d’être appliquée par les belligérants, mais il s’agit de reconstruire le multilatéralisme sur une base minimale, seul préalable possible pour une solution politique du conflit syrien.
Cela permettrait aussi par ailleurs de sauver la convention sur l’interdiction des armes chimiques avec une tutelle de l’ONU pour couvrir l’organisation pour l’interdiction des armes chimiques, seule à même d’assurer le contrôle et le démantèlement du stock d’armes chimiques de l’état syrien. (...)