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Observatoire des inégalités
La pauvreté absolue baisse dans le monde mais de fortes inégalités persistent entre territoires
Article mis en ligne le 6 novembre 2015
dernière modification le 31 octobre 2015

Le nombre de personnes dans le monde vivant sous le seuil d’extrême pauvreté (1,90 dollar par jour et par personne) [1] s’est réduit de 2 milliards à 900 millions entre 1981 et 2012. Une évolution d’autant plus positive que, dans le même temps, la population mondiale est passée de 4,5 à 7 milliards d’individus. Du coup, le taux d’extrême pauvreté a été divisé par 3,5 : 12,7 % de la population des pays en voie de développement ou émergents vit aujourd’hui avec moins de 1,90 dollar par jour, contre 44,3 % il y a 30 ans.

Toutes les régions du monde ont vu l’extrême pauvreté reculer au cours des trente dernières années, alors même qu’elles sont confrontées à une pression démographique le plus souvent considérable. En Asie de l’Est et Pacifique, la réduction est spectaculaire. En 2012, 147 millions de personnes vivent avec moins de 1,90 dollar par jour dans cette région du monde (soit 7,2 % de la population), alors qu’elles étaient plus d’un milliard en 1981 (80 % de la population).

La Chine, avec ses deux milliards d’habitants en 2012, a largement contribué à ce phénomène : elle affiche un taux de pauvreté de 6,4 % contre 67 % en 1990 alors même que la population a augmenté de 400 millions d’habitants sur la période. Le Vietnam est également exemplaire : 3 % de sa population vit aujourd’hui sous le seuil mondial d’extrême pauvreté contre 39 % dix ans plus tôt, en 2002.

Même l’Afrique subsaharienne - que l’on disait condamnée au mal-développement - suit aujourd’hui le mouvement [2]. (...)

Pour autant, le nombre de personnes extrêmement pauvres continue d’y augmenter, passant de 288 millions en 1990 à 389 millions en 2012. De nombreux pays de cette région présentent des taux qui très élevés, à l’instar de la République démocratique du Congo, du Burundi (77% chacun) ou encore de Madagascar (82%). Au Nigéria, qui représente 20 % de la population d’Afrique subsaharienne, un peu plus d’une personne sur deux (53 %) vit avec moins de 1,90 dollar par jour.

Restons donc prudents. Si la mesure des revenus est lacunaire dans les pays développés, elle l’est bien plus dans les pays pauvres, certains n’ayant même aucune donnée officielle récente. En outre, les instruments de mesure sont différents selon les pays. Ces données mondiales ne sont que des ordres de grandeur vagues, dont il ne faut retenir que la tendance. De plus, les moyennes nationales des pays émergents masquent, des paysans chinois à ceux du Brésil par exemple, la persistance d’immenses poches de pauvreté. Le seuil de 1,90 dollar par jour est très bas et, s’il tient compte de la hausse des prix, il ne prend pas en compte l’enrichissement des pays, contrairement au seuil utilisé dans les pays riches. Enrichissement, qui dans la très grande majorité de ces pays, bénéficie à une minorité de privilégiés. La pauvreté absolue peut se résorber alors que l’écart entre le niveau de vie des plus pauvres et la classe moyenne s’accroît (la pauvreté relative). Un phénomène source de tensions.