
L’importance de la communication dans les processus de recrutement djihadistes n’est plus à prouver : vidéos de propagande, présence importante sur les réseaux sociaux, mise en place de sites internet... Le détournement des technologies à des fins terroristes est connu, mais un art ancestral est lui aussi mis au service de cette cause mortifère : d’après une chercheuse britannique, la poésie fait également partie des stratégies de recrutement djihadistes.
Elisabeth Kendall a longuement étudié les techniques du terrorisme moderne, et a rassemblé ses observations et conclusions dans un ouvrage à paraître, Twenty-First Century Jihad. L’importance de la communication et du lexique utilisés par les djihadistes et l’État islamique, y compris pour se désigner eux-mêmes, n’est pas une découverte : « On emploie toutes sortes de mots, à tort et à travers. La doxa [l’ensemble de points de vue généralement admis dans la sphère publique] répète des arguments à coup d’opinions non vérifiées, qui crée une langue parasitaire, une langue faible et fausse qui n’informe plus, mais qui déforme la réalité [...] » analysait ainsi le philosophe Philippe-Joseph Salazar dans un entretien accordé à ActuaLitté.
La chercheuse Elizabeth Kendall, elle, s’est intéressée aux techniques de recrutement de ces groupes terroristes, et de Daesh en particulier : il s’avère que la poésie reste une activité privilégiée, et un moyen de communication très efficace. (...)