
Au Pays basque, une culture sans frontières et sans tabous se renforce de plus en plus. Les résistances tournées vers la création et la liberté, en mettant en question les modes de contestation traditionnels, œuvrent à une nouvelle forme de vie et d’expression.
Je suis au Pays Basque. Dans une résistance incontrôlable. Car c’est une résistance complètement poétique et c’est incontrôlable la poésie. Depuis deux jours, je me ressource à Errobiko Festibala, dans le village Itxassou, qui crée un orchestre étonnant de musique, de poésie, de peinture, de danse, de théâtre, de philosophie et aussi de sociologie. Et ce n’est pas par hasard que ce festival a été inauguré par une conférence-spectacle suivie d’un vif débat sur la domination masculine et que chaque jour démarre avec une conférence-spectacle sur le même sujet.
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Chaque fois que je viens dans cette région, je témoigne d’un mouvement poétique et incontrôlable, mené par les folles et les fous qui développent, en toute liberté, une grande capacité de réflexion, d’amour et de création. (...)
Un nouveau répertoire à la fois artistique et politique est en train d’envahir l’Hexagone, comme les mauvaises herbes, en tout liberté.
« Monsieur Microsoft, Monsieur Apple et leurs amis croient que nos cerveaux sont comme leurs disques durs. Limités et formatables. Mais ils se trompent. Nous sommes bien loin de leurs limites… » disent Itxaro Borda, la grande poète basque et le musicien Ka-Ko qui créent des magies ensemble, des petites et des grandes, durant le festival. (...)
Oui, je sais, je suis grande et je ne veux pas perdre cette sensation de merveille. Ni dans mes luttes, ni dans mon travail, ni dans ma vie de tous les jours. Emma Goldman disait « si je ne peux pas danser à la révolution, je n’irai pas à la révolution ». J’ajouterai une autre condition : « si cette révolution perd sa poésie, je n’irai pas à la révolution ».
J’irai nulle part, sans poésie.