
Contrairement à ce qu’affirme Donald Trump, les journalistes n’ont aucun rôle dans le déclenchement des conflits.
Dans les colonnes de The Atlantic, Julian E. Zelizer, historien à Princeton et commentateur politique sur CNN, rappelle que différents faits historiques s’élèvent comme contre-exemples pour prouver que le raisonnement de Donald Trump est erroné et simpliste. Le pouvoir d’entrer en guerre n’est pas entre les mains des médias mais du pouvoir politique, en l’occurrence le Bureau ovale ou au Congrès.
Bien évidemment, l’impact du « fifth power » (entendez le « cinquième pouvoir »), c’est à dire du système médiatique, est réel. Il influence l’opinion publique, attire l’attention sur des sujets particuliers mais les élus ont toujours une marge de manoeuvre importante en ce qui concerne la prise de décision et l’utilisation de la force militaire. La responsabilité ultime d’une entrée en guerre incombe aux élus, pas aux médias.(...)
L’exemple de Johnson et de la guerre du Viêt Nam
Le rôle du choix des présidents et du Congrès en période de guerre explique pour une bonne partie ce qui s’est passé au Viêt Nam. Pendant de plusieurs années, les membres de la Maison Blanche avait fait leurs la « théorie des dominos », selon laquelle si un pays, quelque soit sa taille, tombait au main des communistes, les pays voisins suivraient.(...)
Malgré la couverture médiatique de la question vietnamienne, la pression de l’opinion publique concernant l’envoi de troupes dans cette région là était très faible et le président était mis en garde par de nombreux politiciens concernant l’ingérence américaine sur ce territoire. Des chefs d’États étrangers tels que le Général De Gaulle proposaient à cette époque là des alternatives diplomatiques pour enterrer la guerre civile en cours dans la région grâce à un accord exhaustif. Ce sera lui et lui seul qui décidera de la guerre.(...)
Le manque d’interrogation de la presse face au conflit irakien
Entre 2002 et 2003, rappelle The Atlantic, les autorités américaines sont de nouveau entrés en guerre en Irak, pour faire tomber le régime de Sadam Hussein- un effort très coûteux qui a alimenté l’instabilité du Proche-Orient.
Après avoir appris qu’aucune arme de destruction massive n’était présente sur le sol irakien, le système médiatique, qui avait relayé la propagande gouvernementale, s’est remise en question. (...)
« Avec ses tweets provocateurs de ce week-end, Trump intensifie son effrayante campagne contre les journalistes, les mettant potentiellement en danger, conclut Zelizer. Et il détourne l’attention des seules personnes qui ont vraiment la capacité de mener les Américains dans un bourbier militaire : Trump lui-même et les majorités du Congrès qui le soutiennent. »