
Dans la campagne pour être reconduit à son poste, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a réussi le tour de force d’obtenir le soutien de Donald Trump et de Vladimir Poutine.
Qualifiez-le d’escroc ou de va-t’en guerre, mais qui d’autre que le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou pourrait se vanter d’avoir tenu deux sommets réussis avec les présidents Donald Trump et Vladimir Poutine, le tout à quelques jours des élections israéliennes ? Ses motivations immédiates sont claires, mais il y a quelque chose qui va au-delà de son utilisation manifestement habile de la diplomatie à des fins électorales. Il y a des dimensions stratégiques plus importantes à de telles réunions.
Comment un dirigeant d’un tout petit État, politiquement contesté et corrompu, a-t-il réussi à amener les deux superpuissances mondiales à faire ce qu’il leur demandait et à respecter son calendrier ? La réponse réside dans l’amitié tripartite qui s’épanouit depuis un certain temps et qui pourrait façonner le Proche-Orient pour les années à venir. (...)
Nétanyahou n’a pas seulement répondu de manière satisfaisante à toutes les questions de Trump, il a aussi rationalisé et donné corps aux instincts de politique étrangère du futur président américain sur la sécurité, l’immigration, le terrorisme, l’islam, etc. — même sur les avantages de créer des murs-frontières comme en Cisjordanie. Il a distillé et résumé le tout dans une formule simple : L’Iran, et non la Russie, est « notre » ennemi principal. En fait, le président russe est dans une position unique pour nous aider contre les ayatollahs et l’islam radical. (...)
Selon Vicky Ward, l’auteur du best-seller Kushner, Inc,, Nétanyahou est en fait un « grand maître des échecs », qui a fait pression sur Trump pour courtiser Poutine et améliorer ses relations avec la Russie. C’était ce que Trump voulait entendre. Avant cette rencontre, il échangeait déjà des compliments personnels avec le président russe, au grand dam de ses détracteurs chez lui et en Europe. Maintenant, il était armé d’une doctrine stratégique qui impliquait l’établissement d’un nouveau partenariat avec des hommes forts aux vues similaires.
Obama, l’homme qu’ils haïssent le plus (...)
Ces trois « vieux hommes blancs » sont des nationalistes populistes et machistes, avec une tendance à la méchanceté. Ils sont généralement considérés comme des personnages trompeurs et diviseurs, qui ont le coup de main pour agir en toute impunité. Ils n’aiment pas non plus la liberté de la presse et l’indépendance de la justice. L’homme qu’ils haïssaient le plus n’est autre que Barack Obama et tout ce qu’il représentait, que ce soit le multiculturalisme, les idéaux libéraux ou la politique étrangère libérale. (...)
Le trio a attiré et inspiré une nouvelle ligue d’hypernationalistes agressifs qui ne pensent qu’en termes de pouvoir : le Saoudien Mohamed Ben Salman, l’Égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, le Brésilien Jair Bolsonaro et le Hongrois Viktor Orban. Trump et Poutine mènent le peloton, mais Nétanyahou est leur serviteur enthousiaste. Il a marginalisé le libéralisme et la pensée progressiste pour ouvrir la voie à la ploutocratie populiste.
Mais le succès des trois hommes à la tête d’une tendance populiste mondiale n’a pas pu masquer leur échec à traduire leur love story en relations plus étroites entre les États-Unis et la Russie. Ni Trump ni Nétanyahou n’ont réussi à convaincre l’establishment de la politique étrangère américaine de s’allier à Poutine, pas même comme un moyen de contrer Téhéran. (...)
La tragédie de la politique des grandes puissances est qu’elles continuent de rivaliser dans un monde anarchique, au risque de la guerre, quels que soient leurs dirigeants ou leur système de gouvernement (...)
si Nétanyahou n’est pas parvenu jusqu’à présent à amener les États-Unis et la Russie à travailler ensemble pour remodeler le Proche-Orient, il a clairement réussi à faire enrôler Trump et Poutine au service d’Israël dans la restructuration de la Méditerranée orientale.