
A voir les récents embarras de François Hollande avec les tweets, les sondages et les sempiternelles annonces de « popularité en baisse » ; à entendre les commentateurs discourir, du matin au soir, sur les dernières sautes d’humeur de la Bourse, on est pris d’un doute. Comment se fait-il que ni nos politiques ni nos experts n’aient fini par comprendre que la société du spectacle (les médias) et la société marchande (l’économie néolibérale) fonctionnent selon les mêmes logiques changeantes ? Et pourquoi n’ont-ils pas encore appris à s’en méfier ?
Je citerai deux de ces logiques. La première, c’est celle de l’édredon ou de l’autruche. Le système médiatique a ceci de commun avec la société marchande qu’il possède une constitution à toute épreuve. Il est capable d’encaisser les coups et de digérer n’importe quoi ou n’importe qui. À commencer par ceux qui prétendent lui résister en campant - croient-ils - dans la dissidence ou l’indignation. Ces deux empires (le marchand et celui des médias) peuvent absorber n’importe quelle révolte, s’incorporer toute adversité, faire leur miel et métamorphoser en « produits » ceux-là mêmes qui les combattent. Ils agglutinent en quelque sorte toute parole rebelle ou tout geste de révolte en faisant agir une manière de suc gastrique qui dissout peu à peu la menace dans le « grand tout » de la marchandise. D’une révolte initiale, on fait un tube, un best-seller ou une mode. Et le tour est joué. (...)