
A l’approche du Salon de l’agriculture, en amont de la prochaine campagne des présidentielles, la France revit déjà un scénario immuable. Alors que la pratique délirante du « tout irrigation » en soutien du maïs irrigué provoque depuis une vingtaine d’années des tensions croissantes autour de la gestion de la ressource en eau, tous les gouvernements en place depuis le début des années 90 ont immanquablement cédé aux pressions du syndicat agricole majoritaire, qui promeut une fuite en avant délétère que rien ne semble pouvoir entraver. Retour sur un désastre écologique majeur, que l’actuel gouvernement reproduit à l’identique de ses prédécesseurs.
La question de l’irrigation en agriculture est devenue si sensible à l’aube des années 2000 dans plusieurs grandes régions françaises, la Charente, le Sud-ouest, la Beauce, la Picardie, terres d’élection des grandes cultures irriguées, que de 2007 à 2016 tous les gouvernements successifs se plieront avec un coupable empressement aux exigences de la FNSEA.
Une situation intenable. Chaque été, près d’une vingtaine de départements prennent de manière récurrente des arrêtés sécheresse, et 30% du territoire métropolitain est considéré en déficit structurel. L’impasse s’est fait jour dans le courant des années 80. L’eau étant un patrimoine commun géré par tous ses acteurs, il a été considéré que tout prélèvement au-dessus d’un certain seuil devait faire l’objet d’une déclaration aux services de l’État. Qui a délivré des autorisations au coup par coup, sans aucune limite, pendant des décennies. (...)