
Depuis le déclenchement des révoltes populaires en Tunisie et puis en Egypte, on s’est énormément interrogés sur le rôle joué par les médias dans ces processus révolutionnaires que personne n’avait anticipé. Si les nouveaux médias d’Internet, notamment les réseaux sociaux Facebook et Twitter, ont été mis en avant pour souligner, à juste titre, la jeunesse et l’autonomie des manifestants, la rareté des données empiriques permet difficilement de tirer des conclusions à propos de leur impact.
Mais au niveau des médias traditionnels, la centralité de la chaîne d’information en continu Al Jazeera dans la médiatisation et la mise en scène des deux événements est incontestable.
(...) C’est en effet la première fois que l’on prête autant d’influence à un média sur le déroulement des affaires internationales à tel point que, si l’on en croit le New York Times, la Maison Blanche suit les événements d’Egypte sur l’écran d’Al Jazeera.
Or, la croyance dans le pouvoir d’influence de cette chaîne s’est installée progressivement au Moyen-Orient et ailleurs depuis sa création en 1996 sous l’impulsion de l’émir du Qatar. Aujourd’hui, durant les situations de crise, impliquant le Moyen-Orient notamment, on lui attribue la capacité de formuler une lecture propre des événements et de l’imposer.
Cette puissance supposée est le fruit d’une formule qui combine trois idées très simples : pluralisme, représentativité et fonctionnalité.
(...)