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La horde
La terreur qui n’ était pas terroriste
Article mis en ligne le 16 juillet 2016

Un nouveau massacre vient d’être commis, cette fois à Nice, faisant des dizaines de victimes dont probablement de nombreux enfants, et toutes nos pensées vont d’abord aux victimes et leurs proches. Cet acte horrible n’a pas encore été revendiqué, et la mort de son auteur ne facilite pas la connaissance de ses motivations. Mais s’il se révèle qu’elle porte la marque du djihadisme, cette tuerie, qui par son caractère inadmissible invite davantage à la réaction émotionnelle qu’à la réflexion, pourrait entraîner d’autres violences, cette fois à l’initiative de l’extrême droite. C’est pourquoi nous reproduisons ici un texte assez intéressant publié il y a quelques jours sur le site de Ras l’Front Rouen et signé Mémorial 98, qui revient sur le traitement médiatique et politique des menaces terroristes venues cette fois des rangs néonazis et dirigées le plus souvent contre la communauté musulmane.

(...) A Paris, au début du mois de juin on a jugé des terroristes. Quelques jeunes hommes d’Alsace Lorraine qui ont décidé, en 2013, de partir combattre en Syrie. Où ils se sont retrouvés dans les rangs de Daech. Ces jeunes hommes ont fait la guerre, quelques mois. Ils sont revenus assez vite, ont été arrêtés quelques semaines après leur retour et sont en prison depuis. Le procureur a réclamé la peine maximum pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme ».

En Ukraine, à peu près simultanément, Grégoire Moutau, un jeune homme de la même région que les précédents a été arrêté. Ce n’est pas un terroriste, du moins si l’on en croit la communication de l’Etat français qui a tenu à écarter publiquement cette qualification. Grégoire Moutau partait régulièrement en zone de guerre ukrainienne, il est d’extrême-droite, il a été pris à la frontière avec une centaine de kilos d’explosifs et des armes de guerre. Sur des enregistrements diffusés par les services de sécurité ukrainiens, on entend la voix présentée comme celle du jeune homme détailler des objectifs d’attentats.

Qu’est-ce qu’un terroriste ? Le débat serait long. Une chose est certaine : en France, de toute façon, un terroriste n’est pas un militant d’extrême droite. La sentence ne souffre quasiment aucune exception. (...)

Les actes de violence qui touchent par exemple les musulmans sont banalisés : les incendies de mosquées se multiplient, souvent commis la nuit, mais aussi de plus en plus souvent le jour, par des foules qui agissent même à visage découvert, comme on a pu le voir en Corse. Les attaques contre les bidonvilles se multiplient en même temps que les bidonvilles où survivent dans des conditions effroyables, une partie grandissante de la population d’origine immigrée vivant dans ce pays. Là aussi, les manifestations et les pressions légales de l’extrême-droite, c’est à dire autorisées par les autorités côtoient les actes plus violents physiquement

Et c’est cet éventail de terreur déployé contre toute une partie de la population, et sa double dimension, légale et extra-légale qui explique qu’on ne le considère pas comme terroriste : tant que nos sociétés considèreront de fait que la terreur raciste peut être légale et ne pas troubler l’ordre public, bien évidemment, ses dimensions les plus ouvertement violentes seront traitées uniquement comme des abus, de l’ordre du fait divers , de l’excès scandaleux, mais pas signifiant politiquement.

Jusqu’où ira cette logique meurtrière ? En France, possiblement très loin.