
Ne jamais désespérer. La vérité finit toujours, tôt ou tard, par sortir du puits. Nous venons d’avoir une nouvelle preuve au sujet de l’inégalité qui ronge littéralement la société française. Voilà une bonne vingtaine d’années que l’évocation de cette vérité - qui crevait les yeux - suscitait des tas de démentis faussement savants. Il se trouvait toujours un sociologue, un spécialiste ou un politicien pour affirmer qu’il s’agissait là d’une contre-vérité.
On invoquait des statistiques compliquées pour assurer que ce n’était pas le cas. L’éventail des disparités, ajoutaient les plus péremptoires, aurait même tendance à se refermer. Pas de souci à se faire, par conséquent. À titre personnel, j’ai souvent reçu des lettres de lecteurs me reprochant d’avoir colporté le « lieu commun » des inégalités. Pour ces experts, le pessimisme de l’opinion était le résultat d’une erreur « systématique » de perception d’une réalité bien moins désespérante. Façon courtoise de dire que les citoyens lambda - vous et moi - étaient des ignorants, pour ne pas dire des imbéciles. (...)
Aujourd’hui, c’est au sujet des inégalités qu’une vérité incontournable se fait jour : ces dernières ont bel et bien augmenté au cours des deux dernières décennies. Le déni à leur sujet a fini par mettre en colère un éminent sociologue, professeur à l’université du Luxembourg, qui publie ces jours-ci un petit livre explosif et salutaire (1). Il n’est pas tendre pour les prétendus experts qui, délibérément ou pas, ont conspiré à maquiller l’évidence. (...)