Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Slate.fr
La vraie nature de Daech
Article mis en ligne le 15 novembre 2015

L’Etat islamique et ses adeptes ne sont pas une bande de psychopathes en mal d’exaltation. C’est un groupe religieux et militaire organisé, disposant de dirigeants compétents avec une stratégie cohérente au service de la guerre sainte.

« Nous ne gagnerons pas contre l’idéologie de Médine [de l’Islam radical] en arrêtant le kamikaze juste avant qu’il se fasse sauter. Où qu’il soit, un autre ou une autre prendra rapidement sa place. Nous ne gagnerons pas en rayant de la carte l’Etat islamique ou al-Qaida ou Boko Haram : un nouveau groupe radical apparaitra ailleurs. Nous ne gagnerons que si nous sommes capables de combattre l’idéologie de l’Islam radical, de contrer son message de mort, d’intolérance et de promesse dans l’au-delà avec notre propre message de vie, de liberté et de poursuite du bonheur ici et maintenant ». C’est ce qu’écrit pour Foreign Policy Ayaan Hirsi Ali, femme politique et écrivain néerlandaise d’origine somalienne menacée de mort par les islamistes.

La méconnaissance des ressorts de l’Islamisme radical, la sous-estimation de la force du message de Daech et de sa capacité de séduction expliquent notre difficulté à appréhender la menace et la sidération devant l’intensité de la haine et de la détestation dont nous faisons l’objet. « Nous allons conquérir votre Rome, briser vos croix et faire de vos femmes nos esclaves », promettait Abou Muhammad al-Adni, le porte-parole de l’Etat islamique. « Et si nous n’y parvenons pas cette fois, alors nos enfants et nos petits enfants y arriveront et ils vendront vos fils au marché aux esclaves… », ajoutait-il. (...)

Cette doctrine religieuse minoritaire au sein de l’Islam n’en est pas moins considérée comme légitime par une grande partie de la communauté des croyants sunnites (Oumma). Et là se trouve une partie de la force de l’Etat islamique. La grande majorité des sunnites n’approuve pas les pratiques de Daech, mais pour autant elle ne rejette pas la partie du Coran, celle de Médine, celle prônant la soumission par les armes des infidèles, dont l’Etat islamique revendique la filiation.

La stratégie de Daech est explicite. Scott Atran, anthropologue français et américain, spécialiste du terrorisme, de la violence et de la religion, explique dans le Daily Beast qu’elle est détaillée dans un texte publié sur le magazine en ligne de l’Etat islamique, Dabiq, au début de l’année. Cet article de dix pages intitulé « La zone grise » décrit l’incertitude dans laquelle se trouvent aujourd’hui la plupart des musulmans selon Daech « entre le bien et le mal, le califat et les infidèles… « Le monde est divisé » et le « moment est venu pour un nouvel évènement… d’accroître la division et de détruire la zone grise ». C’est exactement l’objectif des attaques du 13 novembres 2015 à Paris et à Saint-Denis. Elles contribuent à faire disparaître la zone grise en augmentant l’antagonisme entre les communautés et elle montre aux jeunes islamistes qu’avec des moyens finalement assez limités, des kalachnikovs et des ceintures d’explosifs, ils peuvent semer le chaos et le faire savoir au monde entier. (...)