
Autrefois considéré comme l’un des plus grands lacs au monde, le lac Tchad a vu sa surface passer de 20 000 km² il y a 50 ans à 2 000 km² aujourd’hui. Illustratif de l’impact du changement climatique, l’assèchement progressif du lac a eu des répercussions sur le mode de vie des populations voisines. De nombreux pêcheurs, éleveurs et cultivateurs des quatre pays riverains que sont le Niger, le Nigeria, le Tchad et le Cameroun dépendent, en effet, du lac. Mais ils ont su s’adapter à ces modifications, comme le montre une récente étude scientifique franco-nigérienne (1).
Selon l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), la baisse du niveau des eaux, consécutive à la décrue des années 1970 à 2000, a transformé les rives du lac Tchad. Les habitants ont investi les sols humides et fertiles que le départ de l’eau a mis à nu pour y établir des cultures de maïs, de niébé, de riz, de sorgho et même de poivron. Ils ont ainsi délaissé la culture pluviale du mil sur les berges, devenue aléatoire, au profit de ces nouvelles cultures, qui ne nécessitent ni irrigation, ni fertilisants.
(...) Mis en place au cours des dernières décennies, ce système désormais bien rôdé pourrait, toutefois, être menacé par le projet de transfert des eaux de l’Oubangui au fleuve Chari. Les apports du fleuve Chari représentent plus de 80 % du volume du lac Tchad. La dérivation de l’Oubangui, principal affluent du fleuve Congo, vers le Chari fournirait un débit supplémentaire, supérieur à l’actuel débit du Chari. Mais, en empêchant le niveau du lac de fluctuer de manière significative, cette intervention bouleverserait à nouveau les systèmes de production et les modes de vie des habitants.