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Lacrymogène, arme chimique de répression massive
Article mis en ligne le 29 juin 2013
dernière modification le 26 juin 2013

Au mois de juin 2013, le Brésil connait les plus grosses mobilisations depuis celles dirigées en 1992 contre la corruption du gouvernement de l’ex-président Fernando Collor de Mello (celui-ci donnera sa démission le 29 décembre 1992 à la fin de son procès politique devant le sénat). Déclenché à Porto Alegre dès la fin mars à l’initiative du Movimento Passe Livre contre la hausse des tarifs des transports publics, le mouvement s’est étendu sur tout le pays.

Au pays du football-roi, la majorité du peuple n’aura pas les moyens d’acheter les billets pour aller au stade mais paiera l’addition

(...) Le Brésil est le quatrième exportateur d’armes légères après les Etats-Unis, l’Italie et l’Allemagne. Il devance la Russie, Israël ou la France (...)


L’entreprise Condor de Rio de Janeiro (Nova Iguacu) fabrique toutes sortes de grenades lacrymogènes qu’elle exporte ensuite à une quarantaine de pays
. Condor, comme d’autres multinationales de l’armement, expose ses armes au salon de l’armement Eurosatory près de Paris. Parmi ses productions on trouve la GL310 "Ballerina" (danseuse en français) qui rebondit de manière aléatoire lorsqu’elle touche le sol tout en dispersant le gaz lacrymogène, la "Seven Bang" qui produit sept explosions de forte intensité, la GL-311 qui provoque une forte détonation associée à l’effet de gaz, et enfin le projectile longue portée GL-202. Bien que l’entreprise Condor nie exporter au Bahreïn (mais affirme délivrer son matériel aux Émirats arabes unis qui ont prêté main forte dans la répression au Bahreïn), le gaz brésilien employé à mater la rébellion pro-démocratique dans ce royaume contiendrait des substances chimiques hautement nocives. Zeinab al-Khawaja, activiste participante au soulèvement pro démocratique au Bahreïn, a déjà dénoncé cela dans la presse brésilienne |3|.

Les armes chimiques de Condor tuent en Turquie

Des projectiles de gaz lacrymogène de l’entreprise Condor (en plus des armes de Defense Technology ou NonLethal Technologies en provenance des États-Unis) ont été utilisés pour mater les manifestants de la place Taksim, et partout ailleurs en Turquie, depuis le début du mouvement fin mai. Amnesty International et six organisations turques de médecins ont dénoncé la violence de la répression policière et l’utilisation abusive de grenades lacrymogènes comme « armes chimiques ». Ces armes ont fait perdre la vue à plusieurs manifestants et ont tué plusieurs citoyens par suites de leur exposition au gaz ou par le choc du projectile (...)

Afin de justifier les exportations de grenades lacrymogènes étasunienne en Égypte, le porte-parole du département d’État des États-Unis, Patrick Ventrell, a vanté les mérites de ce gaz chimique en affirmant qu’il « sauvait des vies et protégeait la propriété » |11|. Ce ne sera pourtant pas le cas de Cleonice Vieira de Moraes, femme de 54 ans, qui succombera ce 21 juin 2013 après avoir inhalé du gaz lacrymogène durant une manifestation à Belém au Brésil.

Ces mêmes arguments fallacieux sont utilisés par Condor, entreprise dont le nom rappelle un bien sinistre souvenir  : celui de la fameuse opération du même nom, véritable terrorisme d’État, responsable d’une campagne d’assassinats politiques orchestrée par la CIA et les services secrets des dictatures du cône sud (Chili, Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay) dès le milieu des années 1970.

En pleine crise capitaliste, le discours sécuritaire anti-terroriste (ou anti « casseurs ») a bonne presse, les armes de répression mal nommées « légères », ou « non létales », connaissent plus la croissance que l’austérité.