Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Rue 89
Lacrymos, chômage et bakchichs... La vie dans la Grèce en crise
Article mis en ligne le 11 novembre 2011
dernière modification le 9 novembre 2011

Depuis des mois, la population grecque manifeste. Elle s’organise. Elle s’informe. Elle enchaîne les grève. Depuis des mois, chaque manifestation se termine par un tir massif de gaz lacrymogènes pour disperser la foule. La réponse du gouvernement est claire : « Circulez, il n’y a rien à voir. »

De mai à juillet, Syntagma, place de la Constitution à Athènes, a vu déferler une population pacifique, en continu. Ces « Indignés » avaient décidé, comme les Espagnols avec la Puerta del Sol à Madrid, de reprendre possession de la place.

Des équipes se sont créées pour assurer les besoins de base : nettoyage de la place, gardes d’enfants, aide aux démunis... et communication avec les médias. Pour la première fois, hommes, femmes, enfants, retraités, salariés, chômeurs, immigrés se sont réunis en masse et dans la durée pour partager leurs sentiments sur la situation dramatique du pays. Pour échanger, parler et lutter. Pacifiquement.

Le camp de ces « Indignés » a été évacué un matin de juillet, à 4 heures. Certains demandent encore des explications au maire d’Athènes

Mais la population n’a pas manifesté ces derniers jours. Sans doute fatiguée de ce jeu politique qui les ignore. Le souvenir des 28 et 29 juin, où la police a utilisé massivement son arsenal anti-émeutes (ce qu’Amnesty International a condamné ; on parle de 2 800 bombes lacrymogènes – périmées – en une seule journée) est encore bien présent. (...)

Nombreux sont les Grecs qui ne sont plus payés depuis plusieurs mois (fonctionnaires et salariés du privé). Des professeurs attendent encore leur premier salaire de la rentrée. La rentrée 2011 s’est vue amputée de la traditionnelle distribution des livres scolaires. L’éducation ne fait plus partie des priorités. (...)

Malgré la baisse du salaire minimum légal, il est pratiquement impossible de trouver un travail. Il y a encore quelques mois, la première question qu’un Grec posait à un de ses compatriote était : « Quel est ton job ? » Aujourd’hui, c’est : « As-tu un job ? »

Près d’un tiers des petits commerces ont fermé depuis le début de la crise. La question de chaque commerçant n’est plus de savoir s’il va devoir fermer, mais quand.
(...)

Des gouvernants sourds à la colère d’un peuple, une police violente et non-formée, une population qui s’organise, qui serait prête à bloquer les administrations dès les premiers licenciements, qui empêche ses élus de participer à la fête nationale du « Οχι » et qui défile en les ignorant...

Des commentaires européens très mal pris après l’annonce du référendum, un sentiment d’occupation économique, de mise en vente du pays...

Une situation sanitaire qui se détériore, des hôpitaux n’ayant plus les moyens de payer les médicaments, des enfants qui s’évanouissent en classe par manque d’alimentation, une augmentation de la toxicomanie, du taux de suicide, de l’alcoolisme, une peur de l’avenir qui ne peut qu’augmenter devant la volonté affichée de poursuivre les mesures d’austérité...

Voilà la Grèce d’aujourd’hui.

Une Grèce exsangue, une population fatiguée, usée, humiliée, qui se sent trahie, une bouilloire prête à exploser. (...)

Le 17 novembre, la Grèce parade, traditionnellement, en souvenir des étudiants tombés lors de la lutte contre la dictature. Pour celui de cette année, beaucoup ici craignent une flambée de violence.

Wikio