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Respublica
Laïque et Chrétien
Monique Cabotte-Carillon
Article mis en ligne le 17 décembre 2012
dernière modification le 15 décembre 2012

"Merci à l’équipe de l’Amicale laïque de Concarneau de m’avoir invitée à dialoguer avec vous sur la possibilité d’être à la fois laïque et chrétienne. Je dirais plus : la laïcité favorise-t-elle l’acte de foi d’un croyant ?
(...)

(...) M’étant référé au petit livre « la laïcité », d’Henri Pena-Ruiz je lis p. 235 « laïque en ce sens ne signifie nullement hostile à la religion. L’option religieuse comme option libre appartient au registre privé de la personne ou d’un groupe de personnes librement associées. » Quant au terme laïc – ïc -,qu’il s’agisse de l’adjectif ou du substantif, il désigne, selon la même source le « simple fidèle qui n’exerce aucune fonction officielle dans l’institution religieuse. Opposé à « clerc » au sein du vocabulaire religieux, selon une étymologie qui rappelle que l’homme du peuple, que rien d’abord ne distingue d’un autre, constitue la référence première. »( latin : laïcus ; du grec leikos : qui appartient ou qui est relatif au peuple). Ce sont des nuances orthographiques dont ne se soucient guère quelques journalistes – pour ne parler que de cette profession – sur le dos de laquelle on tape allègrement dans l’Église catholique, ce que je regrette… (...)

La deuxième remarque est plus sérieuse. « Laïque et chrétien » est-il écrit. Il se trouve que j’appartiens à la communauté des catholiques. Ma « mise à distance » de l’institution catholique – je veux bien assumer cette appartenance, mais il y a des limites !(comme vous pourrez le constater…) ne m’autorise pas à effectuer publiquement le même type de critiques à propos des autres confessions chrétiennes (je ne les lave pas de tout soupçon pour autant, mais me garderai bien d’en parler). (...)

Troisième remarque. J’ai demandé, quand on m’a proposé le sujet, à ce que le mot « laïque » soit cité avant« chrétien ». Pourquoi ? Pour être fidèle à une conviction profonde : je suis citoyenne avant d’être chrétienne. Pour m’en expliquer je vais préciser quelques unes de mes appartenances qui font penser à l’emboîtement des poupées russes – et montrer du même coup que je ne suis pas « un oiseau rare » (...)

Je vois mal comment un croyant, quelle que soit son appartenance religieuse, peut vivre sa foi en communauté sans la mise en pratique, assuré par le pouvoir politique, de la liberté de conscience. Prêchant pour ma paroisse, je suis sûre que bien des chrétiens syriens seraient heureux de voir appliquer la loi française concernant la séparation des Églises et de l’État du 11 décembre 1905. (...)

La pratique de la laïcité qui vous entraîne, au sens sportif du terme, à faire la distinction entre la sphère publique, à savoir ce qui est commun à tous (donc à la nation) où il faut se préoccuper de l’intérêt général et la sphère privée (qui ne concerne que certains hommes) est précieuse. Cette « gymnastique » m’est aussi utile dans ma réflexion de citoyenne où est impliquée une revendication de « laïcité ». Ainsi, dans le débat qu’il y eut à propos de la burqua, ce n’est pas parce que certains musulmans, très minoritaires d’ailleurs, ont parlé d’une revendication à caractère religieux que cela est vrai !

Sans aucun jeu de mots je dirai : la pratique de la laïcité assainit la vie de foi quand elle habitue à effectuer les distinctions nécessaires, le repérage des plans, l’écoute des autres…Certes, ces exigences ne sont pas spécifiques à un type de pensée, mais elles sont précieuses. (...)

Pour défendre mes deux convictions que j’essaie de faire coexister (l’importance de la laïcité et l’importance du message évangélique) je fais porter mes efforts sur deux axes : l’information et la résistance.