Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Acrimed
Le FN par le petit bout de la lorgnette médiatique
Article mis en ligne le 26 mars 2015

Souvent prompts à déplorer la « dédiabolisation » du Front national ces dernières années, les journalistes le sont beaucoup moins quand il s’agit d’évaluer leur responsabilité dans le phénomène et dans son accélération. Voici deux cas d’école qui illustrent la « banalisation » de l’extrême droite dans les grands médias, c’est-à-dire cet ensemble de pratiques journalistiques consistant à produire ou relayer à l’envi, à propos du FN et de ses cadres, les mêmes informations insignifiantes et dépolitisées que pour les autres partis, contribuant ainsi à gommer l’ancrage politique et idéologique du parti d’extrême droite. Ce traitement médiatique qui se voudrait neutre et idéologiquement insoupçonnable de complaisance fait malgré lui le jeu du FN.

(...) Pour le citoyen ordinaire en quête d’éclairage médiatique sur la vie politique, quel intérêt peut-il bien y avoir à s’infliger pléthore d’articles sur la perte (et l’éventuelle récupération) du permis de conduire de la dirigeante actuelle du FN ? Aucun, c’est entendu. Et pourtant, comme en témoigne le florilège qui suit, les papiers abondent en la matière. Les effets, eux, sont assez prévisibles : d’une part, attirer (sinon attendrir) les lecteurs en faisant passer la dirigeante frontiste tantôt pour une « victime d’injustice », tantôt pour un modèle de combativité, aux prises avec les problèmes ordinaires des Français ordinaires ; d’autre part passer sous silence son programme, ses positions et prises de positions, sur le terrain politique cette fois-ci. (...)

Autre cas d’école, la couverture médiatique d’un hypothétique changement de nom du Front national : là encore, on ne peut que regretter le mélange de candeur journalistique et d’information aseptisée.

Il y a d’abord M6 (en partenariat avec Yahoo) qui, jamais avare d’un sondage internet « qui dérange », fait mine de rien de ses téléspectateurs des conseillers en communication en puissance auprès du parti d’extrême droite (...)

Après tant de bruit médiatique pour presque rien, ne reste plus alors pour parachever le processus de « dédiabolisation » qu’à relayer la fiction journalistique ultime – le classement des « personnalités » –, preuve s’il en fallait de la légitimité des prophéties auto-réalisatrices dont raffole entre autres la presse écrite, et dont elle espère qu’elle stimulera ses ventes moribondes... au moins jusqu’à la prochaine échéance électorale.

On imagine dès lors sans difficultés que les mêmes se lamenteront tôt ou tard de « l’irrésistible ascension de Marine Le Pen »... en « une », de préférence. Misère...