Ce soir, Mouloud Achour pose le plateau du Gros Journal place de la Nation, à la rencontre de Gaspard Glanz, journaliste indépendant fondateur de Taranis News spécialisé dans la couverture des mouvements sociaux. ZAD de Sivens, Loi Travail, Jungle de Calais : fiché « S » et sans carte de presse, ce « journaliste préféré de la génération Nuit debout » va là où les autres ne vont pas. Il nous raconte son obligation de pointer tous les samedis au commissariat de Strasbourg, les deux procès qui l’attendent, sa vision du journalisme, et la violence croissante qu’il observe dans les manifestations.
(...) On est sur la place de la Nation là. Mes images, les images que tous les photographes ont faites, les images que tout le monde a vues sur la Loi Travail, ont été faites aux trois quarts par des gens qui n’ont pas de carte de presse. Pourtant elles étaient dans Libé, elles étaient dans le Monde, elles étaient dans Nouvel Obs, etc. Et c’est un vrai problème !
Parlons de ta situation par rapport à la Justice. Avant de préparer cette interview, on s’est rencontré et tu as débarqué dans mon bureau avec des documents qui prouvent que tu as une fiche “S”…
C’est une longue histoire ! Premièrement, j’ai été arrêté à Calais et mis en garde à vue le 26 octobre, au moment de l’expulsion de la « Jungle » pour vol de talkie-walkie de la police nationale. Alors il faut revenir un petit peu en arrière.
C’est le talkie-walkie que tu avais instagrammé ?
Voilà, c’est ça. Alors on revient trois semaines en arrière, au 1er octobre, il y a une manifestation de migrants et de soutiens au sein de la « Jungle ». Tout à coup il y a un buisson qui se met à parler à côté de nous, en fait c’est un policier qui, en reculant, avait perdu son talkie-walkie.
Ce n’était pas un buisson ardent.
C’était pas un buisson ardent, c’était un buisson parlant. Alors évidemment je garde mes déclarations pour la justice, mais on ne l’a pas volé. Je suis pas assez con pour mettre dans la poche un talkie-walkie de la police au milieu d’une jungle où on est entourés par une armée de policiers.
Il y a un autre post Instagram de toi qui a provoqué la police, c’était une photo…
Ah oui ! En fait je suis accusé d’injure publique pour avoir posté une photo où l’on voit la police en civil de Rennes, qui en fait à ce moment-là est le dernier rempart de maintien de l’ordre entre les manifestants de la Loi travail et le centre-ville, poser. On le voit sur la photo, ils posent, ils montraient les gros bras pour empêcher les manifestants de rentrer dans le centre-ville. Et cette photo est très parlante.
C’est quoi la légende que tu as mise ?
J’ai mis “Ein Volk, Ein Reich, Ein Führer”, ce qui est le slogan électoral d’Adolf Hitler au moment de la seconde guerre mondiale. On va même remonter en arrière, ce sont les Autrichiens qui utilisaient ce slogan pour demander à être intégré à l’Allemagne, la grande Allemagne d’Adolf Hitler. J’ai voulu faire un comparatif historique entre deux périodes électorales, celle de 1933 en Allemagne et celle de 2017 en France, et j’irai le défendre comme la liberté d’expression devant le juge et encore aujourd’hui je maintiens que j’ai le droit de faire ce qui peut être comparé à une caricature mais pas une injure. (...)