
« Enfumage » est un terme à la mode. La récente publication du huitième rapport du Conseil d’Orientation des Retraites est un bel exemple de cette technique de communication. Prétextant l’actuelle crise financière et économique, il produit, fort opportunément pour certains, des chiffres alarmistes qui ne sont ni très clairs, ni très nouveaux.
...Comme la démonstration n’est guère convaincante sur le fond, le rapport 2010 insiste sur les « besoins de financement » et utilise un nouvel indicateur qui n’existait pas dans celui de 2007 : « les besoins de financement cumulés ». Somme des déficits supposés et accumulés au fil des ans, cet indicateur permet de faire du chiffre et de frapper les imaginations. La recette est facile : on prévoit de forts déficits et on les multiplie sur une longue période. Même un journal sérieux comme Le Monde est tombé dans le panneau, avec un article du 13 avril intitulé « sans réforme, le déficit cumulé attendrait 2 600 milliards d’euros en 2050 ». De quoi faire frémir !...
...Pour le long terme, 2024-2050, il faut reconnaître que les projections que nous faisons n’ont pas le même degré d’exactitude ». Et pour cause, on ne sait pas aujourd’hui ce que sera la natalité et la mortalité en 2050 et donc le nombre de la population active. En revanche, on peut jouer très facilement sur une autre variable, l’immigration, et augmenter ainsi le nombre de salariés, si nécessaire....
...Mais surtout, la vraie question est celle du montant des cotisations sociales. Avec la hausse constante de la productivité, il n’est pas absurde de consacrer une part croissante du PIB au financement des retraites....
...Or, cette piste est justement celle que le gouvernement et le patronat ne veulent pas discuter....