
« Le Monde n’a jamais eu de “ligne” imposée, quel que soit le domaine. » C’est l’affirmation
insolite de la médiatrice du Monde (16/01/11).
Le chroniqueur économique du quotidien,Pierre-Antoine Delhommais, venait d’allumer
Stéphane Hessel dans une tribune, jugeant l’auteur d’Indignez-vous « légèrement indigne », lui reprochant « d’être plus ému par la remise en question des acquis sociaux des Français que par le spectacle de Chinois venant, émerveillés, visiter la tour Eiffel ». Constatant « une certaine continuité dans la ligne éditoriale économique du Monde », lui citait, en l’applaudissant, son prédécesseur, éric Le Boucher – passé à slate.fr : « L’indignation (…) ne doit pas conduire à la glorification des acquis de la Résistance.
L’indignation, si elle s’accroche à un passé à bout de souffle, devient indigne » (10/01).
Les lecteurs n’avaient guère apprécié.
En 1995, le plan Juppé s’attaque à la fois à la Sécu et aux retraites. Un éditorial célèbre ces « décisions qui ont non seulement le mérite de la cohérence, mais qui paraissent dictées par une certaine idée de l’intérêt général, quitte à mettre à mal les corporatismes ou les clientèles électorales » (17/11/95). Quinze ans plus tard, cet automne, le gouvernement a changé, le rédacteur en chef aussi, mais l’éditorial, lui, n’a guère bougé : « Une fois de plus, la contestation massive du projet de réforme des retraites illustre combien la France reste un pays très conservateur,arc-bouté au statu quo et aux droits acquis, l’Histoire servant de paravent au réel. […] Des idées fausses dont l’opposition socialiste est devenue le chantre, fourvoyant une partie de la jeunesse » (15/10/10). Au fait, au Monde, « non signé, l’éditorial est une oeuvre collective, qui engage l’ensemble du journal » (11/07/99)… (...)