
En décembre 2018, nous déclarions Le Parisien « grand vainqueur du bingo de la démobilisation sociale » pour son traitement du mouvement des gilets jaunes. Une couverture dont la teneur tenait en quelques Unes, centrées sur les « violences » des manifestants, rivalisant d’ingéniosité pour les discréditer. Presque un an plus tard, nous sommes en mesure de décerner un autre premier prix au quotidien de Bernard Arnault : celui de l’acharnement éditorial. (...)
un seul « cadrage » sera proposé aux lecteurs pour expliquer le « dérapage » du budget : les gilets jaunes, et leur « grogne » animale. Par souci d’honnêteté, la rédaction du Parisien a choisi de ne pas mentionner les « manques à gagner » provoqués (au hasard) par la suppression de l’ISF, la mise en place de la flat-tax, la poursuite du CICE, la négociation avec Google qui a fait perdre de l’argent à l’État, etc. Toute la charge porte ainsi sur les « cadeaux » faits aux jaunes bambins capricieux.
On ne le répétera jamais assez : Le Parisien a le droit d’entonner mot pour mot la communication du gouvernement. Mais peut-on encore parler de journalisme, quand le quotidien s’abstient d’évoquer d’autres angles d’analyse dans la double-page correspondant au dossier de Une ? Quant aux avis divergents, ils sont réduits, sans surprise, à peau de chagrin. Et ce malgré une diversité de formats bien réelle ! De l’édito à l’article d’« analyse », en passant par l’interview, le dessin de presse, et même l’infographie, l’économie générale est à sens unique tant l’angle d’attaque est partout le même : combien coûtent à la France les grogneurs qui se plaignent. (...)
La rédaction du Parisien Week-end : une espèce en voie de radicalisation
Le parti pris de la rédaction du Parisien en faveur du gouvernement et du capital culmine dans le « supplément week-end », publié dans la foulée d’un numéro visant à plomber les gilets jaunes. Où il est question, pour la rédaction, de prendre un peu de hauteur, et de mettre les mouvements sociaux en perspective grâce à un conseil-maison d’une rare élégance : (...)