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Jeune Afrique
Le Qatar dans le « grand jeu » africain
Article mis en ligne le 13 août 2022

Dans le contexte international post-pandémique, le monde brûle, entre guerre ukrainienne et crise majeure à Taïwan. Le multilatéralisme semble en crise, y compris au sein de sa maison mère, les Nations unies, qui peinent à prévenir les nouveaux conflits.

Depuis plusieurs années, on constate que des pays tentent de jouer les médiateurs dans leur propre région, mais également en dehors. À l’instar de l’Égypte, qui a récemment permis de conclure la trêve entre Israël et le Jihad islamique à Gaza, le Qatar, qui y a aussi joué un rôle, poursuit sa stratégie d’influence et de pivot géopolitique dans ce sens. Un rôle qui lui réussit plutôt bien sur des dossiers souvent très difficiles. (...)

Ainsi, depuis plusieurs mois, Doha occupe une place majeure dans la reprise du dialogue autour de l’accord sur le nucléaire iranien entre Washington, les Européens et Téhéran, depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche (et surtout le départ de Donald Trump de la présidence des États-Unis).
Au cœur des accords

Un an après la chute de Kaboul, et fort de son succès diplomatique et politique dans la gestion de l’évacuation des Occidentaux d’Afghanistan, mais aussi de son statut d’hôte des négociations entre Américains et Talibans pendant trois ans à Doha, le Qatar se tourne désormais activement vers l’Afrique. Après l’Éthiopie, après Gaza, après l’Afghanistan, peut-être bientôt avec la Corée du Sud face à l’Iran, Doha a permis de conclure ces derniers jours, et après plusieurs mois d’échanges, un accord entre la junte militaire et les factions rebelles au Tchad. Et pousse le pays à un dialogue national qui pourrait conduire à la paix.

Cela fait des décennies que N’Djamena vit dans une instabilité certaine, entre coups d’État et rebellions armées. Et, enfin, le président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Déby Itno, a signé un accord avec 42 des 47 groupes rebelles qui lui sont hostiles. Un grand dialogue national devrait même voir le jour prochainement : réorganisation du pays, participation de la société civile, future élection présidentielle à l’automne…

António Gutteres lui-même, le secrétaire général des Nations unies, a qualifié ce jour de « moment-clé pour le peuple tchadien » – un grand succès pour le Tchad, mais, indirectement, un échec supplémentaire pour son organisation. (...)

Déjà félicité par António Guterres pour s’être présenté en nouvelle plateforme de dialogue mondial, le Qatar a en réalité mis en place, depuis bien longtemps, une véritable stratégie visant à étoffer son soft-power et son hard-power. Depuis les années 2000, le pays cherche à se placer sur l’échiquier planétaire non seulement pour peser dans les décisions mondiales, mais aussi pour garantir sa survie en se rendant indispensable au niveau géopolitique. (...)

Beaucoup de pays dans le monde servent d’intermédiaires, accueillent des pourparlers, tentent des médiations pour éteindre le feu. La Turquie avait joué ce rôle entre Russes et Ukrainiens dès le début de la guerre. Et la tendance pourrait se confirmer si l’ONU ne se réforme pas en urgence. Une réforme qui lui permettrait de s’affranchir des vétos paralysants que lui opposent des pays comme la Russie et la Chine. Elle serait alors davantage le reflet du monde de 2022 et non plus uniquement celui de 1945.