
En choisissant de se nourrir d’une herbe, le papillon monarque semblait avoir fait le bon choix —du moins pour ce qui est de son évolution. Et pendant bien longtemps, la nature lui a donné raison.
Le cycle de vie de l’insecte est parfaitement accordée à la croissance saisonnière du laiteron —la seule plante que ses chenilles peuvent consommer.
Dans ce vaste jeu de marelle, les générations successives de monarques suivent l’émergence printanière du laiteron, depuis le Mexique jusqu’au Canada. Naguère, cette plante vivace s’épanouissait dans les prairies, aux bords des routes, dans les champs de maïs et sur les terrains vagues de la plupart des régions du continent américain. Le laiteron alimentait ainsi une migration massive qui s’achevait chaque hiver ; ce sont plus de 60 millions de papillons qui convergeaient alors sur les forêts de pins des Sierra Madre.
Puis le Roundup fit son apparition.
D’année en année le nombre des monarques qui arrivaient Mexique chute ; il vient d’atteindre son plus bas niveau. Le 29 janvier, le WWF a annoncé que les monarques n’avaient été observés sur moins d’un hectare dans onze sanctuaires de papillons. En 1996, on en avait observé sur 18,2 hectares. Vous voulez savoir pourquoi ? Penchez-vous sur la liste des ingrédients de des tortillas chips. Ou sur la composition de l’essence à l’éthanol.
La population des monarques s’est effondrée au fur et à mesure que le secteur de l’agriculture prenait son envol. (...)