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« Le Supplément » de Canal Plus en treillis pour « informer » sur le Sahel
Article mis en ligne le 21 mai 2015

Le 19 avril dernier, François Hollande était l’invité du « Supplément » de Canal Plus. Cette émission a été, entre autres, l’occasion de revenir sur l’intervention de l’armée française au Sahel, à travers la diffusion d’un reportage réalisé sur place [1]. Mais loin d’en interroger les tenants et aboutissants, celui-ci semble se réduire à un exercice de « journalisme embarqué » mettant en scène les éléments de communication fournis par l’armée française.

La présentation du reportage par son auteur, dans le « sommaire » de l’émission, laissait déjà percevoir ce qu’il en serait : un reportage d’accompagnement, dans tous les sens du terme. Accompagnement des soldats sur le terrain, et accompagnement du gouvernement dans la justification de l’intervention : « J’ai passé une semaine avec les troupes françaises dans le Sahel. Ils luttent contre le djihadisme là-bas ». Dans l’échange qui précède la diffusion du reportage, l’enthousiasme d’avoir pu suivre les troupes françaises confine à l’excitation : (...)

Le reportage ne nous apprend rien d’autre sur l’intervention française au Sahel que ce que l’armée française veut bien en dire : la légion étrangère compte des soldats… étrangers, et les terroristes sont... terrorisés. Un peu court pour éclairer le public sur le contexte de cette guerre qui ne dit pas son nom, ses enjeux, ses méthodes ou ses résultats qui sont présentés à travers un prisme extrêmement étroit, jamais explicité, et encore moins remis en question (...)

Ce reportage constitue un exemple exemplaire de « journalisme embarqué »qui consiste moins à informer qu’à accompagner ici l’armée, ailleurs la police, pour obtenir rapidement des images spectaculaires. Avec, à la clé, une information biaisée (sur la réalité de la vie de soldat) et une information tronquée (sur la réalité de l’intervention au Sahel), qui relèvent davantage du clip institutionnel que du reportage. (...)