
A l’ère de la musique électronique, difficile d’être plus décroissant que le Vegetable Orchestra. Ce groupe de onze musiciens autrichiens joue uniquement sur des instruments fabriqués à partir de légumes frais. Avec des instruments aux noms évocateurs de concombrephone, vibrato-courgette et autre cèleri-guitare, cet orchestre extravagant s’est fixé pour but d’explorer le monde sonore qui nous entoure dans la vie quotidienne. À commencer par ce qu’on trouve dans le bac à légumes…
Fondé en 1998 par des artistes venant d’horizons aussi divers que la musique électronique, pop ou expérimentale ou l’art contemporain, le Vegetable Orchestra affirme que l’« on peut faire de la musique avec presque n’importe quoi », et que « chaque chose possède une qualité acoustique très spécifique et peut permettre d’ouvrir un univers de sons très riches ».
Alors que leurs collègues se contentent de brancher les guitares et accorder leurs fûts, les musiciens du Vegetable orchestra font le marché tous les matins pour acheter choux, carottes, aubergines et autres poireaux, précieuses matières premières nécessaires à la fabrication de leurs instruments éphémères.
« Lorsqu’on est en tournée, selon les saisons et les pays dans lesquels on se trouve, il est parfois difficile de se procurer tout ce dont on a besoin, explique Sandra walkenhofer, manageuse de tournée. Hier par exemple nous avons eu beaucoup de mal à trouver des citrouilles (comprenez : tambours), et c’est encore un peu tôt pour les carottes (flutes entre autres) ». Hormis quelques instruments de percussion pouvant être utilisés tels quels, il faut compter 13 minutes pour sculpter le concombrephone et 30 minutes pour que le carrot recorder prenne vie. (...)
Et pour taire ceux qui déplorent un gâchis de nourriture, le Vegetable Orchestra apporte cette précision : « la production de nos instruments nécessite bien moins de ressources et d’énergie que les instruments traditionnels ou les laptop (ordinateurs portables), et ils sont bio-dégradables ». Sans compter que les légumes restants après le concert sont transformés en soupe servie au public. (...)