
Selon Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, le projet de budget 2020 ’est “un acte politique” qui “répond à la crise sociale” ; il correspond sans doute à la volonté du gouvernement de réduire la fracture sociale à la mode chiraquienne. Depuis des années, les inégalités en France ne cessent de se creuser. La Chiraquie, la Sarkozie, la Hollandie, maintenant la Macronie, quelle lignée ! Comme le déclare ingénument Jean-Paul Delevoye aux obsèques de Jacques Chirac, ”il faut relever l’héritage” . Cette série présidentielle qui accompagne l’ère du libéralisme triomphant présente un air de famille évident, l’escroquerie, pratiquée avec plus ou moins d’aplomb et de bonhomie, est la marque de fabrique la mieux partagée de nos dirigeants.
Avec Emmanuel Macron, la mauvaise foi et le cynisme sont sans doute poussés à leur paroxysme car les contre-pouvoirs ont disparu, le Président et ses acolytes peuvent communiquer sur leur capacité à répondre aux besoins des Français sans crainte d’être démenti. Le budget 2020 tire donc les leçons de la crise des gilets jaunes en rognant comme les précédents sur les dépenses sociales et écologiques ! Mais il le fait en trompant son monde : en abaissant le taux d’imposition des deux premières tranches de l’impôt sur le revenu, il flatte à bon compte le pouvoir d’achat des classes moyennes pour s’attirer leur faveur mais reste dans une logique d’austérité et d’amenuisement d’un certain nombre d’allocations qui vont encore accentuer les difficultés des plus démunis.
Le discours d’accompagnement ne varie pas : c’est toujours la même histoire, la rengaine habituelle sur la dette et les déficits publics, un leitmotiv entêtant, énervant, qui vrille le cerveau des plus influençables et qui instille la rancoeur, l’amertume, le soupçon au sein de la population : la France n’a pas les moyens d’un assistanat qui lui coûte si cher en prestations sociales et services publics. Les gens qui travaillent méritent d’être récompensés et ne doivent plus supporter une pression fiscale qui est décourageante, “ le travail doit payer”. Alors, on lâche 5 milliards pour les ménages imposables en ayant soin d’axer l’essentiel de la communication gouvernemental sur ce cadeau fiscal.
Les entreprises n’ont pas été oubliées puisque la baisse de l’impôt sur les sociétés devrait leur permettre, en 2020, une économie de 2,5 milliards d’euros.
Bien évidemment, les milliards de l’ISF supprimé et les milliards du CICE continuent à grever le budget de l’Etat..
Tout ce déficit de recettes ne peut pas être compensé par les quelques suppressions d’avantages fiscaux aux particuliers ou aux entreprises : il faut dépenser moins et le pouvoir a donc décidé de porter à nouveau quelques mauvais coups aux populations les plus fragiles :
• Il y a deux ans, avec la baisse de 5€ des APL, la tonalité avait été donnée, c’était d’ailleurs l’une des toute premières mesures indignes ( et stupides) du quinquennat Macron frappant notamment la jeunesse.. Cette baisse des APL va se poursuivre en 2020 par une modification du système de calcul entraînant diminution globale des aides d’environ 1 milliard d’euros
• Les précaires et chômeurs vont également être particulièrement affectés par la réforme de l’assurance chômage qui va permettre d’économiser, dès 2020, 500 millions d’euros.
• Les suppressions de postes dans le domaine de la santé mais aussi de la transition écologique sont particulièrement malvenus : plus de 1000 postes dans le domaine de la transition écologique et environ 350 au ministère de la santé et de la solidarité, autant d’agents publics en moins dans des domaines pourtant essentiels au bien-être de la population
Ce ne sont là que quelques exemples. . .
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, la liste des mauvais coups ne cesse de s’allonger et le ministre de l’Economie et des finances n’hésite pas à en tirer gloriole. Selon Bruno Le Maire : « Les gouvernements précédents n’ont jamais autant réduit les dépenses publiques en rapport avec le PIB. »
Mais les coupes dans les dépenses ne sont pas générales, certains ministères échappent à la rigueur budgétaire. . .
Parallèlement aux coups tordus de ce budget portés aux plus démunis, il y a aussi les mauvais coûts :
• 1,53 milliards d’euros de crédits supplémentaires pour le ministère des Armées dont le budget connaît la plus forte progression !
• 740 millions d’euros en plus pour le ministère de l’Intérieur ( on peut aisément comprendre pourquoi) avec notamment des commandes massives de grenades de désencerclement et de cartouches de fusils d’assaut ( un appel d’offre a été lancé visant à acheter sur les 4 prochaines années 25 millions de cartouches !)
Finalement, ce budget 2020 est aussi un outil d’anticipation.