
(...) Il aura fallu moins d’une heure à l’Élysée pour refuser, via un communiqué vendredi 3 juillet, d’accueillir Julian Assange sur le territoire français. Ce refus fait suite à la publication dans "Le Monde" d’une lettre ouverte du fondateur de WikiLeaks, dans laquelle Assange proposait à la France de faire "un geste humanitaire" en l’accueillant.
Une réponse rapide, voire hâtive pour certains, alors que François Hollande effectue une tournée en Afrique. "Ils sont en panique, mais qu’est-ce qui les inquiète à ce point ? Je pense que la France n’est plus en mesure de prendre le moindre risque face aux États-Unis après les révélations sur la NSA, et c’est triste", a réagi le conseiller juridique de WikiLeaks Juan Branco, auprès de "L’Obs".
À tort, plusieurs médias ont présenté la lettre comme une demande d’asile. Or, une telle démarche est d’abord administrative, et publier une lettre ouverte dans un quotidien de référence français n’en est pas une.
Réponse à Taubira
L’entourage de Julian Assange a rapidement corrigé le tir avec une réponse publiée sur son site, précisant que l’Australien avait d’abord voulu réagir aux propos tenus par la garde des Sceaux Christiane Taubira fin juin. "Je ne serais pas choquée si la France décidait d’accorder l’asile politique à Julian Assange et Edward Snowden", avait déclaré la ministre, y voyant un "geste symbolique" après l’introduction dans la loi française d’éléments de protection des lanceurs d’alerte. Ces propos intervenaient quelques jours après que WikiLeaks eût révélé que la NSA avait espionné trois présidents français. Manuel Valls avait alors opposé un refus catégorique à tout asile politique.
Quelque heures plus tard, le site Mediapart rapportait que l’Élysée enjoignait Assange de déposer une demande d’asile… qui serait vraisemblablement refusée, à en croire la première réaction de la présidence !
Cet imbroglio semble représentatif des difficultés de la classe politique française à prendre position en faveur de l’Australien, réfugié depuis trois ans dans l’ambassade d’Équateur à Londres. (...)