Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
Le changement climatique est le terreau du terrorisme, constate un rapport d’experts
Article mis en ligne le 22 avril 2017
dernière modification le 21 avril 2017

Le changement climatique est un des facteurs qui facilite le développement du terrorisme et du crime organisé, selon un rapport allemand publié ce jeudi. L’étude met notamment en avant la vulnérabilité des États qui se retrouvent incapables de pallier les conséquences des changements environnementaux pour leur population.

Terrorisme et changement climatique ? Les deux n’ont apparemment rien à voir. Et pourtant, un rapport publié ce jeudi 20 avril par le think tank allemand Adelphi [1] est clair : « Le changement climatique ne crée pas les terroristes, mais il contribue à créer un environnement favorable à son développement ».

Plus largement, le document, intitulé Insurrection, terrorisme et crime organisé face au réchauffement climatique, s’intéresse aux « organisations armées non étatiques ». Parmi elles, des groupes terroristes tels que l’État islamique, Boko Aram ou les talibans, mais aussi le crime organisé avec les mafias ou les réseaux internationaux de trafic de drogue. Malgré des objectifs et des modes d’action très divers, on peut trouver quelques points communs : l’usage de la violence — qui fait concurrence à celle de l’État — et la mise en place d’activités illégales comme source de revenus — trafic de drogue et d’êtres humains ou exploitation illégale des ressources naturelles par exemple.

Même si le terrorisme ou la mafia ne datent pas d’hier, le rapport remarque d’abord que l’implication de ces groupes armés non étatiques dans les conflits est croissante. (...)

Ces dernières années, les rapports pointant les liens entre changement climatique et menaces sur la sécurité se multiplient. C’est en partant de ces deux constats qu’Adelphi a décidé de se demander comment le changement climatique pouvait contribuer au développement de ces groupes armés. Pour cela, il a mené plusieurs études de cas dans des régions touchées par le changement climatique. (...)

« le changement climatique agit comme un multiplicateur de menaces. Il interagit et converge avec d’autres risques dans un contexte donné et peut accroître la probabilité de fragilité ou conflit violent », résume le rapport. Il distingue deux mécanismes par lesquels le changement climatique peut avoir un impact. Tout d’abord, il peut aggraver les conflits autour des ressources naturelles dans les zones où les États sont déjà fragiles. Ensuite, il risque de limiter l’accès à l’eau et à la nourriture dans certains pays ou régions du monde, rendant les populations vulnérables au recrutement par les organisations qui contrôlent ces ressources. Plus de conflits et plus de personnes recrutées : voici comment le terrorisme et le crime organisé peuvent se développer.

À noter que ces mécanismes peuvent toucher des États fragiles, mais aussi des États qui paraissent stables. « La Syrie était présentée comme l’État le plus stable de la région, avant que le conflit n’éclate », rappelle Lukas Rüttinger.

Pour briser ce cercle vicieux, le rapport en appelle à la prise en compte du changement climatique dans les politiques internationales, à travers une analyse multifactorielle des situations. (...)