
Depuis les années 1960, les militaires des Etats-Unis et de Russie ont envisagé d’altérer la météorologie pour en faire une arme. Cette tentation est toujours bien présente, explique le politologue Ben Cramer.
Une Convention internationale régule l’utilisation de l’environnement à des fins militaires. D’où vient-elle ?
Durant la guerre du Vietnam, les forces armées américaines ont tenté, lors de l’opération ‘Popeye’, d’utiliser l’arme météorologique pour faire pleuvoir et inonder la piste Ho Chi Minh (route passant par le Laos et le Cambodge et qui servait au transport des combattants et du matériel). Plus de 2 300 missions-pluies ont été menées sur Ho Chi Minh par l’escadron 54 de reconnaissance météo.
Après la divulgation de ces pratiques qui ont scandalisé le Congrès à Washington, Américains et Soviétiques se sont accordés pour y mettre un terme, du moins, pour adopter un code de bonne conduite. Ils ont déposé à l’Assemblée Générale de l’ONU un projet de Convention sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles, convention surnommée ENMOD, la contraction de « environmental modification ». (...)
Il existe de nombreux exemples, avec par exemple le recours aux explosions souterraines pour « libérer » de tensions tectoniques par exemple. Cela fait un demi-siècle que des études ont été menées sur le sujet (...)
« La météo comme force multiplicatrice : Maîtriser la météo en 2025 » n’est pas un slogan mais le titre d’un rapport publié en 1996 par la US Air Force qui estime que c’est « peut être un champ de bataille d’une importance telle que nous ne pouvons encore le concevoir ». Le rapport disserte sur les meilleurs moyens de contrecarrer les plans de guerre d’un ennemi en déclenchant une tempête, ou une sécheresse, ou encore en supprimant l’approvisionnement en eau potable. D’ailleurs, en 1997, le secrétaire d’Etat à la défense William Cohen exprime sa crainte de voir des actes de « terrorisme écologique ». Parmi ceux qu’il imagine ou plutôt qu’il projette figurent l’altération des climats, les déclenchements à distance de tremblements de terre ou d’éruptions volcaniques.
Concrètement, peut-on diriger des ouragans sur une cible ? Le géophysicien qui dirige l’Organisation météorologique mondiale (OMM) à Genève, José Achache, répond par la négative. Il précise toutefois qu’il est « théoriquement possible de les intensifier en augmentant les différentiels thermiques par des transferts de chaleur colossaux à la surface de l’océan et de les diriger en agissant sur les vents dominants à moyenne altitude ». Et la foudre ? « Nous savons créer des précurseurs de la foudre en ionisant l’air dans un ciel d’orage à l’aide d’un laser mobile, explique Jérôme Kasparian, de l’Université de Genève. Mais il faudrait un laser très puissant pour parvenir à obtenir la foudre. L’attirer ou l’éloigner de sites sensibles est également faisable. »
A partir de là, d’autres questions viennent à l’esprit : Pourquoi ne pas recourir aux lasers pour découper “sur mesure” un trou dans la couche d’ozone au-dessus du territoire de l’adversaire ?
(...)