
La nouvelle génération de maires écologistes ou issus d’alliance de gauche qui vient d’être élue pourraient s’inspirer du modèle expérimenté à Preston au Royaume-Uni ou à Cleveland aux Etats-Unis : s’appuyer sur les marchés publics, la création de banques régionales et de coopératives de salariés pour « relocaliser » leurs budgets, et éviter qu’ils ne s’évaporent dans la globalisation financière. Explications.
(...) quatre hommes ont esquissé les principes d’une nouvelle manière d’organiser les dépenses publiques urbaines, qui puisse protéger une ville moyenne comme Preston (141 000 habitants) de l’extraction de richesses locales par des multinationales privées, tout en imposant de nouvelles normes environnementales et sociales pour toutes les entreprises souhaitant bénéficier de contrats publics.
« Les marchés publics, sujet en apparence ennuyeux et technocratique, sont un enjeu éminemment politique » (...)
D’un point de vue opérationnel, le modèle de Preston repose sur des outils et des approches éminemment techniques, comme l’analyse des dépenses publiques, l’ajustement des contrats d’achat public, la formation de nouveaux fournisseurs ou la création d’entreprises coopératives. Mais en son cœur, il y a un propos politique radical : que l’économie n’est pas une sphère technocratique séparée ni un ensemble de forces étrangères qui se jouent du lieu où elles s’affrontent et interagissent, mais qu’elle est façonnée par les décisions de gens ordinaires, qui peuvent l’utiliser pour créer le type de société dans laquelle ils veulent vivre.
Pour Martin O’Neill, maître de conférences en philosophie politique à l’université de York, cette approche transforme la politique d’approvisionnement d’une ville d’un simple processus financier en un levier qui peut être utilisé par les élus pour promulguer certaines valeurs, d’une manière un peu similaire à la redistribution des richesses via la fiscalité. (...)
Empêcher les ressources financières locales de « s’échapper » au profit d’actionnaires (...)