
Fondé sur la convergence des luttes environnementales et altermondialistes, le combat contre le dérèglement climatique offre-t-il des perspectives de victoires contre la mondialisation libérale ? Les réponses de Christophe Aguiton et Maxime Combes.
Le 27 juin, une vaste coordination internationale de mouvements sociaux, d’ONG écologistes, d’associations d’aide au développement, de syndicats et de groupes religieux a publié un texte intitulé “Épreuve des peuples sur le climat”. Il se conclut notamment sur cette adresse : « Nous voyons Paris comme un début et non une fin ; une opportunité de connecter les demandes pour plus de justice, d’égalité, de sécurité alimentaire, d’emplois, et de droits ; une chance aussi de renforcer la société civile afin que les gouvernements soient forcés d’être à l’écoute et d’agir dans l’intérêt des peuples, et non plus en faveur des intérêts de la minorité que constitue les élites. »
Si le mouvement climatique présente aujourd’hui un front large et uni (lire "Des énergies galvanisées contre le changement climatique"), on constate aussi que son discours s’est significativement politisé et qu’il reprend à son compte des aspirations – renouveau démocratique, justice sociale, respect des droits humains – présentes dans tous les mouvements de résistance anticapitalistes récents. La prise de conscience des causes et des effets dévastateurs du dérèglement climatique, pas seulement pour l’environnement, engage de fait une critique du capitalisme. Jusqu’à quel point ? (...)
La dynamique est réelle, les conditions favorables, mais le “mouvement climatique” n’est pas forcément à un stade très avancé de son développement, et la convergence est loin d’être achevée. « Il y a encore du boulot, et ce boulot ne va pas de soi. Une coalition aide à constituer un mouvement, mais elle ne fait pas un mouvement, constate Christophe Aguiton. « On voit des luttes environnementales, mais pas encore de mouvement pour la justice climatique. C’est un des défis pour nous tous : stabiliser un mouvement permanent comme le fut le mouvement ouvrier. » (...)