Le DOJ omet plusieurs détails cruciaux sur le piratage de Stratfor dans ses tentatives de désigner Assange comme conspirateur d’une intrusion qui s’est produite à son insu. Plus particulièrement, les procureurs omettent de dire que la violation réelle de la sécurité de Stratfor, fin 2011, a eu lieu 83 jours avant les événements qu’ils décrivent, à l’insu de toutes les personnes que le DOJ identifie comme faisant partie de la conspiration, y compris Assange.
Dans sa volonté d’extrader le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, du Royaume-Uni, le ministère américain de la Justice (DOJ) a publié mercredi un acte d’accusation remplaçant l’ancien, visant à élargir "la portée de la conspiration entourant les prétendues intrusions informatiques dont Assange était auparavant accusé". Les noms de certaines organisations et individus sont masqués, dont celui d’un informateur rémunéré du FBI qui a volé de l’argent à WikiLeaks et a ensuite avoué avoir eu des relations sexuelles avec neuf garçons mineurs en échange d’argent et d’autres objets de valeur.
Une bonne partie du dossier concerne Chelsea Manning, ses interactions avec Assange et d’autres liens possibles avec des associés connus de WikiLeaks, qui servent de base à la plupart des accusations portées contre Assange, y compris les multiples chefs d’accusation d’espionnage.
Mais dans l’espoir de lier Assange à d’autres "actes illégaux manifestes" dans le cadre d’une conspiration plus large - dont l’un des objectifs est de relier Assange à des crimes contre un allié de l’OTAN du pays qui envisage son extradition - le ministère de la Justice décrit plusieurs interactions présumées entre Assange et des pirates informatiques anonymes impliqués dans des opérations criminelles majeures. Un contexte considérable est toutefois omis dans les descriptions de ces événements, notamment le rôle du FBI dans la poursuite des attaques des Anonymous contre les entreprises américaines et les gouvernements étrangers en Amérique du Sud et au Moyen-Orient, sur la base d’un examen par Gizmodo des preuves scellées. (...)
Comme Gizmodo l’a déjà signalé, il y a probablement de nombreuses preuves qui montrent que WikiLeaks a aidé les pirates de Stratfor à la suite de l’attaque, après les faits. Mais à plusieurs endroits, Gizmodo peut confirmer que l’acte d’accusation attribue les déclarations directement à Assange alors qu’en réalité, ces conversations ont été relayées de seconde main. (...)
Les preuves montrent que quelqu’un prétendant être Assange a fourni aux pirates de Stratfor un script [programme] conçu pour les aider à naviguer plus facilement dans les plus de 5 millions d’e-mails qu’ils avaient volés (bien que, comme le montrent les propres preuves du FBI, les pirates l’ont jugé pratiquement inutile). Néanmoins, tout comme pour pour Brown, les preuves montrent également qu’Assange n’avait pas connaissance de l’attaque. Sans l’intervention de WikiLeaks, les clients de Stratfor auraient subi le même préjudice financier, les systèmes de l’entreprise auraient été détruits et ses courriels auraient quand même été diffusés sur Internet, sous une forme ou une autre. (...)