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Libération
Le nucléaire, une option de plus en plus fumeuse contre le réchauffement
Article mis en ligne le 18 décembre 2019

Jean-Bernard Lévy, le PDG d’EDF, a beau répéter à tout va que le nucléaire est une « énergie neutre en carbone », qui joue « pleinement son rôle dans la lutte contre le changement climatique ». Le président Macron a beau faire le VRP de l’atome à Bruxelles, en le présentant comme une énergie « verte » et en faisant en sorte qu’elle soit reconnue par l’UE comme un moyen d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Rien n’y fait : non, l’énergie nucléaire n’est pas la panacée pour lutter contre le changement climatique.

C’est l’une des principales conclusions de l’édition 2019 du World Nuclear Industry Status Report, présenté mardi à Paris par son coordinateur, le consultant indépendant Mycle Schneider, dont la réputation de sérieux n’est plus à faire dans les milieux « pro » comme « anti ».
« Urgente »

En plus de son traditionnel état des lieux de l’industrie nucléaire dans le monde, ce document de 323 pages, établi par huit experts interdisciplinaires de six pays en coopération avec la fondation Heinrich-Böll, un organisme proche des Verts allemands, consacre pour la première fois un chapitre à l’évaluation de l’option nucléaire comme moyen de combattre l’urgence climatique. Et sa conclusion est sans appel : « Les options non nucléaires permettent d’économiser plus de carbone par dollar […] et par an » que l’atome. En effet, « dans de nombreux pays nucléaires, les nouvelles [énergies] renouvelables peuvent désormais concurrencer le nucléaire existant », indique le rapport. Entre 2009 et 2018, les coûts du solaire commercial ont baissé de 88 % et ceux de l’éolien de 69 %, alors que dans le même temps, ceux du nucléaire augmentaient de 23 %, calcule celui-ci.

Par ailleurs, la construction de nouveaux réacteurs « prend cinq à dix-sept ans de plus que pour le solaire ou l’éolien terrestre commerciaux ; ainsi, en attendant leur remplacement par l’option nucléaire, les centrales thermiques fossiles continuent à générer des émissions pendant de longues périodes. La stabilisation du climat est urgente, le nucléaire est lent ». (...)

Voilà qui est on ne peut plus clair.

D’autant que le nucléaire est à la peine partout dans le monde. (...)

Les énergies renouvelables « continuent à devancer le nucléaire dans quasiment toutes les catégories », assure le rapport. Une capacité record de 165 gigawatts de renouvelables a été raccordée aux réseaux dans le monde en 2018, alors que la capacité nucléaire en exploitation n’augmentait que de 9 gigawatts. La production d’électricité éolienne a augmenté de 29 % en 2018 et celle du solaire de 13 %, contre 2,4 % pour celle du nucléaire, imputable pour les trois quarts à un seul pays, la Chine. Mais aucun réacteur commercial chinois n’a été mis en construction depuis décembre 2016. Et la part de l’atome dans la production d’électricité dans le monde « poursuit son lent déclin », passant d’un record historique de 17,5 % en 1996 à 10,15 % en 2018.