
La rentrée de l’automne 2014 est placée sous le signe de multiples dangers. Bien sûr, le plus grave et le plus immédiat est celui des guerres qui s’étendent en beaucoup d’endroits ou qui menacent sérieusement : Gaza, Syrie, Irak, Mali, Somalie, Nigeria, Ukraine… À notre connaissance, aucun de ces pays où se déroulent des combats ne possède d’industrie fabriquant des armes. Il faut en conclure que les pays capitalistes riches, non seulement sont directement impliqués dans certains de ces conflits (États-Unis, France, Israël notamment), mais en sont aussi les pourvoyeurs d’armes. À côté de quelque 1 500 milliards de dollars de dépenses d’armements des États par an, dont plus du tiers pour les seuls États-Unis, le commerce international d’armes (officiel) est florissant : au bas mot, 50 milliards de dollars ; et, dans les dix ans ayant précédé la crise, ce commerce avait augmenté de 45 %.
Mais ce drame des guerres actuelles, nourries par le trafic d’armes, dont les victimes sont toujours des populations démunies de tout ou presque tout, s’insère dans une période où d’autres dangers, bien que plus diffus et moins voyants, se précisent. La crise capitaliste a renforcé la détermination des classes dominantes à faire aboutir coûte que coûte des accords de libre-échange entre deux ou plusieurs pays, de façon à sortir de l’impasse dans laquelle était enfermée l’Organisation mondiale du commerce, incapable de faire aboutir un accord multilatéral et mondial. Certains accords bilatéraux sont déjà conclus ou en passe de l’être, et l’opinion européenne est aujourd’hui saisie du projet d’accord transatlantique négocié secrètement par les États-Unis et l’Union européenne : le TAFTA (Transatlantic Free Trade Area), également connu sous le sigle TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership) est en train de devenir un nom commun, celui d’une entourloupe majeure à la démocratie, d’un démantèlement des protections sociales, sanitaires, écologiques sans précédent et de la création d’une procédure d’arbitrage privé, dont les « investisseurs » doivent sortir gagnants face aux États. Des négociations se déroulent également dans l’ombre entre une cinquantaine d’États au sujet du TiSA (Trade in Services Agreement), pour faire suite à l’AGCS (Accord général sur le commerce des services). Sont seulement connus à ce jour les aspects concernant les services financiers, pour déconstruire les minimes régulations mises en place après l’éclatement de la crise de 2007-2008. Mais, dans le viseur, figurent aussi la Sécurité sociale, considérée comme « monopoliste », et les services publics, que les États ne pourraient plus soutenir, sauf à étendre les aides aux secteurs privés concurrents.
C’est à ces coups de force néolibéraux supplémentaires que la revue Les Possibles consacre son dossier. (...)