
Rarement une distinction dédiée aux droits de l’homme aura résonné aussi crument avec l’actualité. A Genève, une jeune Mexicaine s’est vu décerner le prestigieux prix Martin Ennals, tandis qu’une onde de choc traverse son pays : des fosses clandestines à l’intérieur desquelles se trouvent des restes de 28 personnes ont été découvertes la semaine dernière près d’une colline, aux environs d’Iguala dans l’Etat de Guerrero au sud du pays.
(...) Un tel prix permet d’attirer l’attention du monde sur l’extrême gravité des violences là-bas. La disparition des étudiants n’est malheureusement pas un cas isolé, poursuit-elle.
Le gouvernement nous doit des réponses, non seulement aux familles des disparus, mais à toute la société mexicaine. Les responsables doivent être identifiés et punis. Le laxisme des autorités mexicaines dans cette affaire va au delà de l’imaginable et montre la gravité de la situation. »
Comme le rappelle Amnesty international,
« au Mexique, la violence est omniprésente. Chaque année, des milliers de personnes sont tuées ou enlevées par des bandes criminelles (les gangs de narcotrafiquants, ndlr). Les membres de l’armée et de la police, déployées pour lutter contre ces gangs, commettent aussi de graves violations des droits humains. »
Nominée avec des défenseurs du Bangladesh et de Chine
Fondatrice et directrice de l’organisation ProDESC (Projet des droits économiques, culturels, sociaux), cette avocate de formation lutte, avec son équipe, pour les droits des migrants, des travailleurs, des communautés autochtones, ainsi que des femmes. Son père, lui-même avocat au service des plus démunis, est mort dans des conditions suspectes alors qu’ Alejandra n’était qu’une enfant.
Les membres de ProDESC s’évertuent à mener des campagnes visant à protéger les droits des personnes les plus marginalisées du Mexique. Ils ont ainsi obtenu de la part de grandes multinationales une amélioration des conditions de vie pour les travailleurs, notamment des logements décents, le droit aux soins gratuits, des salaires équitables et une éducation pour les enfants.
Plusieurs fois menacée de mort, Alejandra a perdu des collègues et amis, plus particulièrement des femmes qui remettaient en question le système patriarcal, très présent au Mexique. En 2013, une campagne de dénigrement la qualifiait d’« avocate du diable ». Les bureaux de son organisation ont alors été saccagés. (...)