
On le savait pour le constater lors des grosses tempêtes hivernales dévastatrices comme celles de 1999 ou 2009 ; on le vérifie avec ces inondations spectaculaires entre Béarn et Pays basque et maintenant au cœur de l’été lorsque de violents orages s’abattent sur la région comme ce fut le cas ce vendredi encore entre Langoiran et Paillet, dans cet Entre deux mers girondin qui a, présent à l’esprit, l’épisode de grêle qui, l’été passé, a broyé quelques dix mille hectares de vignes. Oui, l’Aquitaine est bien en première ligne du réchauffement climatique. La faute à l’anticyclone des Açores, ce cher anticyclone fort convoité quand, dès les beaux jours du printemps, on attend la chaleur mais qui peut entrer en conflit brutal au-dessus de nos têtes avec des dépressions venues du nord.
Hervé Le Treut, le climatologue qui a conduit pour le compte de la Région Aquitaine une étude décapante nous avait alerté, l’an passé, laissant entendre que notre région devait se préparer, à l’horizon de trente à quarante ans, à des changements de climat radicaux. Et qu’il fallait réfléchir à mettre en œuvre une stratégie d’adaptation. Entendons, par là, ne pas simplement se contenter de quelques mesures susceptibles d’atténuer l’impact de températures dont les chercheurs vont jusqu’à imaginer qu’elles pourraient en moyenne, à cet horizon, s’élever de 4 à 5° !
Face ce genre de prévisions, de type spectaculaire, le risque le plus grave est sans doute celui auquel on pense spontanément le moins : l’incrédulité. Jusqu’au moment où la violence du réel, la puissance des phénomènes conduit la vox populi à affirmer : « il y bien quelque chose qui se passe... » Aujourd’hui, pourtant, il ne fait aucun doute que nous sommes entrés dans un cycle dont les scientifiques eux-mêmes ne peuvent pas connaître toutes les causes, notamment celles extérieures à l’importance de l’activité humaine, aux rejets de gaz à effet de serre. Des hivers doux – considérons le dernier qui le fut particulièrement – des coups de vent très forts qui, conjugués avec l’élévation du niveau des eaux, enfoncent le littoral et mettent à nu l’inconscience de certains élus, des habitants et la nôtre propre.
La liste des « catastrophes naturelles » régionales depuis une dizaine d’années est impressionnante.
Mais tout se passe comme si au chapitre des faits divers nous passions, de l’une à l’autre, sans vraiment progresser dans la prise en compte de ce qui devrait être une grande cause régionale, avec toutes ces déclinaisons locales. (...)