Pendant les 14 premiers jours de leur agression sur la Bande de Gaza, les militaires israéliens ont provoqué plus de 500 morts, très majoritairement civils, et beaucoup plus de blessés. Des milliers de maisons ont été ciblées et détruites, ainsi que d’autres infrastructures civiles essentielles. Plus de cent mille civils ont été déplacés. Quand vous lirez cet article, les chiffres auront encore grossi et, malheureusement, aucune trêve véritable ne semble en vue. Quand je dis véritable, je veux dire applicable, acceptable des deux côtés et un peu durable.
Le gouvernement israélien, copié par les médias et les gouvernements occidentaux, en a très vite accusé le Hamas. Le Hamas, prétendent-ils, avait une occasion d’accepter une trêve avec l’intervention de l’Egypte, et ils l’ont refusée. D’autres ont déjà expliqué en détail pourquoi cette proposition, manigancée sans aucune consultation du Hamas, était difficile à accepter par le Hamas.
Ce que les médias occidentaux ont beaucoup moins rapporté, c’est que le Hamas et le Jihad Islamique avaient entre temps proposé une trêve de 10 ans sur la base de 10 conditions très raisonnables.
Tandis qu’Israël était trop occupé à préparer l’invasion au sol, pourquoi personne dans les corps diplomatiques n’a consacré un mot à cette proposition ? Cette question est d’autant plus poignante que cette proposition était fondamentalement en accord avec ce que beaucoup d’experts internationaux, aussi bien que les Nations Unies, demandent depuis des années, et incluait quelques aspects de ce qu’Israël avait déjà considéré comme des requêtes applicables dans le passé.
Les revendications principales de cette proposition tournent autour de la levée du siège israélien sur Gaza par l’ouverture de ses frontières avec Israël au commerce et aux populations, la création d’un port et d’un aéroport internationaux sous supervision de l’ONU, l’extension à 10 kilomètres de la zone de pêche autorisée au large de Gaza, et la revitalisation de la zone industrielle de Gaza.
Aucune de ces revendications n’est nouvelle. (...)
La trêve proposée exige aussi le retrait des tanks israéliens des frontières de Gaza et l’internationalisation du passage de Rafah et son placement sous contrôle international. La présence de forces internationales aux frontières et le retrait de l’armée israélienne demandée par le Hamas n’est pas surprenante, si l’on considère le lourd taux de mortalité dû aux tirs israéliens dans les Zones d’Accès Restreint près de la frontière avec Israël (c’est-à-dire une zone de 1km500 le long de la frontière comprenant 35% de la terre de Gaza et 85% de ses terres cultivables). La présence internationale devrait également garantir une réponse aux soucis de sécurité de l’Egypte et d’Israël.
Cette proposition demande aussi la libération des prisonniers palestiniens qui avaient été libérés dans l’accord d’échange avec Gilad Shalit et qui ont été arrêtés après le meurtre des trois jeunes Israéliens en juin 2014 en Cisjordanie ; et qu’Israël se retienne d’interférer dans l’accord de réconciliation entre le Hamas et le Fatah ; et que l’autorisation pour les fidèles d’aller prier à la mosquée Al Aqsa soit facilitée.
Ces conditions sont non seulement raisonnables à la lumière des accords précédents mais, surtout pour celles qui concernent la levée du siège, elles sont le niveau minimum que le Hamas et la population de Gaza pourraient accepter dans les circonstances actuelles. (...)
On pourrait imaginer qu’un accord sur la base de la proposition du Hamas pourrait non seulement arrêter le cours actuel des hostilités, mais aussi préparer le terrain vers une solution durable du conflit. Pourtant, Israël n’a montré aucun intérêt pour l’examen de cette proposition et continue à préférer l’option militaire. Résultat, on se demande si Israël veut réellement une résolution vraiment durable du conflit. (...)
Peut-être encore plus surprenant, la communauté internationale –à l’exception de la Turquie et du Qatar- n’a pas dit un mot de la proposition de trêve du Hamas alors que beaucoup de points de cette proposition jouissent déjà d’un soutien international. Ce refus d’étudier la proposition est particulièrement problématique dans le contexte actuel. (...)
Trêves et négociations se font entre ennemis, pas entre amis. En écho avec Israël et les Etats-Unis, les organisations internationales et les dirigeants occidentaux maintiennent que le Hamas est une organisation terroriste et donc que toute négociation avec lui est interdite. (...)