
À l’occasion du Sommet humanitaire mondial (23 et 24 mai 2016), des leaders mondiaux et des représentants des Nations Unies se réuniront pour améliorer la réponse internationale aux crises. Quelles seront les priorités lors de cette rencontre ? D’après Jan Egeland, Conseiller spécial de l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, le secteur humanitaire ne parvient toujours pas à protéger les civils contre les violences en dépit de récentes améliorations dans la fourniture de l’aide.
Les trois P – protection, principes et proximité – représentent à la fois le plus grand défi et le plus grand échec des travailleurs humanitaires d’aujourd’hui.
Le Sommet humanitaire mondial des Nations Unies a comme ambition de marquer un nouveau départ pour le système humanitaire international. Or, pour que l’événement soit considéré comme un succès, nous devons réussir, d’ici la fin du Sommet, à élaborer des outils qui passent le « test d’Alep ou du Kivu ». L’événement doit en effet permettre d’améliorer notre capacité à intervenir là où nos interventions sont les plus faibles.
Voici ce que nous devons nous demander : comment pouvons-nous rester en première ligne et venir en aide aux civils pris entre deux feux qui sont largement laissés à eux-mêmes face aux attaques menées par de cruels hommes armés ? Sommes-nous prêts à prendre certains risques pour défendre nos principes humanitaires d’impartialité, de neutralité et d’indépendance alors que les combattants, les gouvernements hôtes et même les bailleurs de fonds tentent de donner une dimension politique, sécuritaire ou militaire à nos actions ? Sommes-nous prêts à quitter le confort de nos sièges sociaux et de nos capitales pour nous déployer en force et en nombre sur le terrain, là où les besoins sont les plus criants et où l’insécurité est la plus forte ? (...)
Les civils qui sont aujourd’hui coincés dans les zones de conflit sont toujours traités comme de simples pions dans des luttes géopolitiques menées depuis les airs. Les guerres modernes se caractérisent toujours par un mépris choquant pour la vie humaine. Au Soudan du Sud, les meurtres délibérés, les viols massifs et les incendies volontaires de foyers semblent être des pratiques courantes dans l’histoire de la jeune nation. Au Nigeria, il n’est pas rare que des hommes armés kidnappent toutes les jeunes filles d’un village.
En Syrie, des civils sont délibérément affamés et privés des soins et des médicaments dont ils ont besoin pour survivre. L’armée syrienne a récemment empêché l’accès d’une mission d’évaluation humanitaire à la ville de Daraya. (...)
Les lieux de refuge universellement reconnus, comme les écoles, les hôpitaux et les temples, sont devenus des cibles, et ce, en dépit de la protection dont ils bénéficient en vertu du droit international humanitaire. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et Médecins Sans Frontières parlent d’ailleurs d’une épidémie d’attaques contre les établissements de santé. Pour de trop nombreux acteurs armés, « le médecin de mon ennemi est mon ennemi ». (...)
Chaque jour, le droit international humanitaire est ouvertement bafoué. Les factions belligérantes qui commettent des atrocités doivent être tenues responsables. (...)