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Les Dassault fêtent la vente du Rafale... Et leurs journalistes sont invités !
Article mis en ligne le 3 mars 2015

La vente de vingt-quatre avions de chasse Rafale du Groupe Dassault au gouvernement égyptien a été l’occasion d’un concert patriotique presque parfait dans les médias français [1]. Parmi ces flots de louanges, certains ont particulièrement retenu notre attention : ceux du Figaro et de Valeurs actuelles.

(...) Sans liberté de blâmer…

Dès l’officialisation de l’affaire, la « vigilance » demandée se mue en fanfare enjouée : pas moins de seize articles sur le sujet en dix jours ! Et pas des moindres, la sollicitude du quotidien de Serge Dassault pour le cours en bourse de l’entreprise de Dassault Serge étant sans faille (...)

Le zèle du Figaro va même jusqu’à utiliser des photos de l’avion de chasse émanant directement de Dassault Aviation, sans les citer. Il est vrai que les chances que Dassault porte plainte contre son journal sont faibles. Surtout avec un traitement publicitaire aussi élogieux.
(...)

Mais gardons le meilleur pour la fin. Dès le 12 février, Le Figaro publie un article de la journaliste Véronique Guillermard, dont la sobriété force le respect : (...)

On y apprend pêle-mêle que le Rafale est « un appareil omni-rôle, capable d’accomplir plusieurs tâches au cours d’une même mission », qu’il remplit d’ailleurs toujours « avec succès », et « se distingue par sa conception aérodynamique basée sur une aile delta, sa taille moyenne, son agilité et son concentré de technologies dites "critiques". » Il a donc à ce titre tenu le « pari » de l’armée de l’air de « remplacer pas moins de sept types de chasseur. » Mieux, le Rafale, « l’avion de combat des armées françaises des trente prochaines années », entre deux « sauts technologiques », se paie même le luxe d’embarquer un « type de radar ultrasophistiqué qui permet de regarder partout » et dont « seuls les chasseurs américains bénéficient également ». Bref, « l’ultrapolyvalence […] est sans doute la plus grande des qualités de l’avion de combat français. »

Dans cette période difficile pour les journalistes, Acrimed est soulagé pour l’avenir de la carrière de Véronique Guillermard, qui s’annonce radieux au sein du Groupe Dassault.

Dans les semaines qui ont suivi les ennuis judiciaires de Serge Dassault en 2013, Alexis Brezet, patron de la rédaction, avait expliqué qu’il voulait « un traitement factuel, sobre, neutre et objectif, sans pour autant reprendre tous les éléments de presse [3] », afin d’éviter tout conflit d’intérêt [4]. Cette stratégie aurait eu toute sa place dans le traitement médiatique de la vente du Rafale, puisqu’elle aurait au moins assuré un seuil minimum d’une déontologie qui se retrouve aujourd’hui en lambeaux.

Des Échos à Valeurs actuelles

À Valeurs actuelles aussi, on aime beaucoup le Rafale. Et comme le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a mis la main à la pâte pour le vendre, on aime aussi beaucoup Jean-Yves Le Drian. Et on le montre (...)

Quel rapport entre Valeurs actuelles et Serge Dassault ? François d’Orcival, président du conseil d’administration du très droitier hebdomadaire, est en réalité un proche de Dassault. Il a notamment rédigé les éditoriaux du Républicain de l’Essonne lors de son rachat par Dassault en vue des législatives de 2002 dans sa circonscription de l’Essonne [7]. L’identité du vice-président du même conseil d’administration est elle aussi riche d’enseignements : il s’agit d’Olivier Dassault, député de l’Oise, et fils de Serge Dassault. Olivier Dassault a d’ailleurs pris personnellement la plume pour fêter dignement la vente des avions de son père, mais dans le journal d’un ami : Les Échos de Bernard Arnault, première fortune de France[Les Échos, journal adepte du conflit d’intérêts, comme nous l’avons récemment relevé.]]. Dans cet article, le fils de l’industriel voit le Rafale comme « un atout pour l’indépendance française ».

Ce thème de l’indépendance grâce au Rafale revient aussi dans un article d’Éric Branca dans le numéro de Valeurs actuelles déjà cité, sous le titre « L’indépendance paye ». Gageons qu’à Valeurs actuelles, ce thème n’est pas confondu avec celui de l’indépendance de la presse.
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