
Alors que les discours de rejet des étrangers prennent toujours plus de place sur la scène médiatique, qu’en est-il du ressenti des Français ? Deviennent-ils de plus en plus racistes et xénophobes, comme on peut le lire souvent ? Extrait du Centre d’observation de la société.
(...) Alors que les discours de rejet des étrangers prennent de plus en plus de place dans les médias, l’absence d’impact dans l’opinion semble étonnant : ces discours ont peu de prise alors que l’on s’attendrait à ce que davantage d’individus expriment ouvertement leur racisme. (...)
Rien ne semble indiquer une poussée récente de racisme dans l’opinion. Si les valeurs se sont durcies dans ce domaine, ce serait plutôt il y a une quinzaine d’années. Des facteurs de sens contraires influencent l’expression, ou non, du rejet des autres. Comme l’a noté de longue date le sociologue Vincent Tiberj [2], l’élévation du niveau de diplôme au fil des générations pousse plutôt à l’ouverture aux autres. La dégradation de la situation économique peut jouer en sens inverse, même si son impact n’est pas simple à mesurer. Le type de majorité politique semble aussi avoir un effet : on déclare davantage de tolérance quand la droite gouverne et d’intolérance quand c’est le tour de la gauche, comme si les sondés voulaient éviter les excès dans un sens ou dans l’autre. Par ailleurs, le discours politique, celui des journalistes ou des experts, donne le « ton » du moment, qui va se traduire dans les enquêtes d’opinion, en influençant les plus hésitants.
Au fond, le plus étonnant en matière de racisme, c’est sans doute le faible impact dans l’opinion d’un discours surmédiatisé de rejet des étrangers, comme on l’a rarement connu dans notre pays. Les succès électoraux des partis qui affichent ce rejet tiennent principalement à d’autres facteurs que la xénophobie. (...)