
la protestation sociale « Occupy Israel » du samedi soir 12 mai 2012 contenait des discours explicitement anti-gouvernementaux et un langage se référant à la défense des droits humains universels. Pourrait-il s’agir du début d’une rébellion civile ?
(...)Environ 5000 personnes se sont réunies sur la place Rabin à Tel-Aviv pour initier une nouvelle série de protestations sociales. Il s’en dégageait un élan énergique de colère, un souffle indiscipliné et tumultueux. Au lieu d’un rassemblement traditionnel devant la municipalité, la protestation se déroulait de manière inédite sur une portion de la place laissée libre, ce qui donnait à ce rassemblement un air désinvolte. Plusieurs personnes faisaient résonner des tambours pour attirer l’attention. Les orateurs devaient dès lors hurler des textes peu sophistiqués dans une sono de mauvaise qualité. Ils devaient faire taire les gens qui scandaient des slogans. Par rapport aux énormes mobilisations de l’été passé, dont le mot d’ordre était « Le peuple exige la justice sociale », cette nouvelle manifestation avait un air un peu déplacé, et il s’en dégageait une impression de plus grande authenticité.
La saison non officielle de protestations estivales n’a pas encore vraiment démarré. Le motif de cette protestation était plus de fêter le premier anniversaire du mouvement international « Occupy » que de dénoncer de nouvelles blessures sociales. Pourtant la participation était beaucoup plus massive que lors d’autres protestations récentes. (...)
pour la première fois, beaucoup de gens ont remplacé le mot d’ordre « Le peuple demande la justice sociale » par « Le peuple exige une rébellion civile ! ». (...)
En résumé, que ce soit à cause des sentiments à vif d’une foule protestataire très diversifiée, des messages anti-gouvernementaux plus explicites qui étaient difficiles à contenir, la présence naissante d’un discours intégrant l’universalité des droits humains ou simplement l’ampleur des protestations, la mobilisation du samedi 12 mai dégageait une impression nouvelle. La bulle fiévreuse de l’été passé semble être en train de laisser la place à quelque chose de plus dur, de moins contrôlé et de moins indulgent.