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Les conseillers du Prince en (ordre de) marche
Article mis en ligne le 4 janvier 2020

La réforme des retraites ne fait pas l’unanimité. C’est le moins que l’on puisse dire. Mais face aux mobilisations massives et au front syndical, le gouvernement d’Édouard Philippe et le président de la République n’ont pas eu de difficultés à trouver des soutiens de choix dans les médias. Des soutiens qui veulent surtout que cessent les « blocages », et qui, pour ce faire, font du zèle et revêtent la tenue de conseiller du prince. Pour ne pas dire : de valet du roi.

Une question de « méthode » ?

C’est le leitmotiv des médias dominants : « quelle est la bonne méthode pour que la réforme passe ? »

Avant le 11 décembre et l’intervention du Premier ministre présentant les grandes lignes de la réforme des retraites, les éditorialistes y sont tous allés de leurs conseils pour « éviter l’affrontement ». À l’instar de Laurent Joffrin dans Libération (5 déc.), qui nous fait part de son scénario rêvé pour la négociation de la réforme :

Le gouvernement chausse non les bottes de Juppé mais les baskets de la souplesse. Il annonce qu’il remet à plus tard le débat sur l’âge de départ ; il ouvre une négociation par branche pour amortir le choc de la transition ; il donne des garanties aux fonctionnaires pour qu’ils ne pâtissent pas trop de la réforme. Du coup, la CFDT peut rentrer dans le jeu, les victimes du système à points peuvent espérer limiter les dégâts, chacun comprend que le compromis vaut mieux que le tout ou rien.

Le couplet est identique dans Les Échos du même jour (...)

Et dès le lendemain de la mobilisation du 5 décembre, Le Figaro s’inquiète : « Faute de méthode, ce gouvernement n’échappe pas à la règle. » Tandis que l’on s’enthousiasme dans les colonnes des Échos : « Le gouvernement a encore toutes ses cartes en main. » Tout est donc une question de méthode ! Et les médias s’interrogent en chœur : que doit faire le gouvernement ? (...)

Mais durant les jours suivants, la panique gagne dans la presse.

Pour Paul Quinio de Libération (8 déc.) : « Que le chef de l’État canne devant les syndicats et il en sera fini de son mandat ». Mais l’éditorialiste se veut rassurant : « Reste la voie du compromis. » Le Parisien conseille alors à Macron d’« assouplir sa réforme pour la sauver » (9 déc.). Le Figaro l’encourage à « livrer bataille », à « convaincre et tenir face à la colère ». Pour Cécile Cornuder des Échos, « le Premier ministre n’a d’autre choix que de temporiser sur le seul aspect de la réforme qui lui tient vraiment à cœur, l’équilibre budgétaire » (9 déc.).

Enfin, dans Le Parisien, on dramatise un tantinet (...)

En définitive, pour les médias dominants, « si la réforme est indispensable et qu’il n’existe pas d’autre réforme que la réforme, seule importe la "méthode". » [2] Pour conclure, l’éditorial de Sylvain Courage dans L’Obs (6 déc.) est un condensé de l’orthodoxie médiatique (...)