
Les cours auront lieu à Paris (XIè) au lycée Dorian, 74 avenue Philippe Auguste, métro Nation ou Alexandre Dumas, LE 30 MARS de 20h à 22h en salle des devoirs (salle fléchée).
C’est à la République que nous devons l’invention de l’école publique. Cette dette est double : la République a non seulement inventé l’école publique comme institution, mais l’a aussi inventée comme concept. En cela, l’école publique n’est pas seulement un objet institutionnel et politique : elle est aussi un objet de pensée. Si l’institution scolaire est tributaire de l’histoire et de ses déterminations contingentes, l’école publique comme objet philosophique est tributaire de principes qui se déploient en vertu de leur seule nécessité et qui articulent une conception du politique à une conception du savoir trouvant son point d’ancrage dans l’épistémologie cartésienne et dans l’encyclopédisme des Lumières.
Parce que la liberté politique suppose la liberté métaphysique, c’est-à-dire des citoyens capables de faire usage de leur raison, la République doit instaurer l’école. Reste à déterminer quel contenu donner à cette institution pour qu’elle puisse réaliser sa vocation, à savoir permettre la constitution des libertés.
Catherine Kintzler, dans son intervention du 9 février, a montré que la République exige une conception à la fois spécifique et exigeante de l’école, conception qui articule une théorie de la culture, une théorie de l’organisation des savoirs ainsi qu’une conception critique de la vérité. Nous chercherons à montrer comment ce dispositif a été progressivement déconstruit.
Nous verrons qu’il est possible de discerner, dans ce processus de déconstruction, deux séquences. La première s’ouvre à la fin des années 70 et prend la forme d’une offensive idéologique visant à remettre en question le paradigme sur lequel reposait l’école républicaine. Cette offensive a donné lieu à ce que l’opinion a appelé la « querelle de l’école », querelle qui, il faut le rappeler, divisa profondément la gauche. La deuxième séquence s’ouvre en 2007, lorsque le gouvernement décide soumettre l’école publique aux prescriptions néolibérales et d’en réduire considérablement les moyens. L’école républicaine a donc fait l’objet d’une double attaque : après avoir été remise en question dans ses fondements théoriques, elle est aujourd’hui attaquée en tant qu’institution.
De même que la construction de l’école républicaine avait exigé des armes théoriques puissantes, sa déconstruction n’a pu se faire sans un discours idéologique efficace, dont il nous faudra analyser les présupposés et les implications.
Cette analyse nous conduira à interroger un certain nombre d’évidences qui sont de nature à entretenir la confusion et l’ambiguïté : « la pédagogie la plus adaptée est nécessairement individualisée », « l’élitisme républicain est une forme de sélection par l’échec », « les candidats aux concours administratifs de catégorie C n’ont nullement besoin d’avoir lu La Princesse de Clèves », « un diplôme que tout le monde n’a pas est injuste », ou bien encore « il faut donner plus d’autonomie aux établissements ».
Nous nous tournerons, enfin, vers l’avenir en nous posant la question de savoir comment reconstruire l’école républicaine. Il s’agira alors de présenter les 23 propositions élaborées par le secteur Ecole de l’Ufal dans la perspective d’une refondation de l’école républicaine.
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