
Saisi par la SAUR d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur l’interdiction des coupures d’eau, le Conseil constitutionnel auditionnait le 19 mai 2015, l’avocat de la SAUR, celui de la Fondation France Libertés et le représentant de Matignon venu expliquer la position qu’a adopté le gouvernement sur une polémique qui a défrayé la chronique depuis près d’un an.
L’affaire est explosive. Elle a révélé au grand jour les pratiques indignes de Veolia, Suez et Saur, qui coupent l’eau chaque année à plus de cent mille foyers qui n’ont pas acquitté leurs factures d’eau, en majorité des foyers en grande détresse, en grande précarité, des femmes seules avec enfants, des infirmes…, le quart monde.
Un scandale. Pourquoi ? Depuis une quinzaine d’années les trois multinationales françaises de l’eau n’ont cessé de proclamer leur “fibre sociale”, leur attention au sort des plus démunis, favorisant l’adoption d’une invraisemblable kyrielle de dispositifs législatifs et réglementaires soi-disant “sociaux”, grâce auxquels les “pauvres” étaient supposer bénéficier d’aides pour régler leurs factures en souffrance.
On conviendra hélas que dans leur croisade mensongère les mêmes ont reçu le soutien empressé d’une cohorte de bénis oui oui, n’ayant rien trouvé de mieux à faire que de communier dans l’adoration du “droit à l’eau”, concept forgé par les multinationales compradores, sans aucun fondement juridique réel comme la suite va nous le démontrer, mais fort utile à la conquête de marchés, quand il s’agit de proclamer des grands principes à la tribune de tous les forums et sommets mondiaux.
Bref, on avait fini par s’accoutumer à la réclame de nos Thénardier, jusqu’à l’enclenchement de l’invraisemblable scénario qui s’en est suivi, et vient de nous conduire au Conseil constitutionnel. (...)
si on ne peut plus couper l’eau, faudra voir quand même, faut pas déconner, comme n’a pas manqué de le rappeler Ségolène Royal, à trouver moyen de faire le tri entre les vrais pauvres et les mauvais payeurs, genre le “lentillage non punitif” ?
Le Conseil rendra son avis le 29 mai prochain. Une décision très politique, eu égard à la composition du collège des membres dudit Conseil...
Le 2 juin France Libertés, la FP2E, le syndicat patronal des affreuses multinationales et la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), ont déjà prévu de tenir un conclave pour parler lentillage et faux pauvres.
Quand on plonge dans la gadoue, on n’arrive plus à en sortir. (...)