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Les dérangés du genre à l’assaut des écoles
Article mis en ligne le 29 janvier 2014

"Que vont devenir nos enfants ? Ils vont devenir des LGBT". Un mouvement organise des "journées de retrait" des enfants des écoles pour dénoncer la "théorie du genre".

C’est une nouvelle lubie des opposants à l’éducation à l’égalité à l’école. Pour protester contre l’irruption de la fantasmée « théorie du genre » dans les écoles, un collectif appelle les parents à retirer leurs enfants des classes une journée par mois.

La mobilisation de la première journée en région parisienne était loin d’être massive, mais elle était malgré tout bien visible dans certains établissements. Le Parisien rapporte que dans la ville de Meaux 20% des élèves étaient absents lundi 27 janvier. Dans le Val d’Oise seules une douzaine d’écoles étaient concernées, avec des taux d’absence entre 10 et 60%. Le 24 février c’est en Alsace que le mouvement avait fait parler de lui. Le site de la « Journée de retrait de l’école » (JRE) revendique des comités locaux un peu partout en France.

Son ennemi ? L’expérimentation de l’ABCD de l’égalité dans les écoles. Un programme qui entend interroger enseignants, enfants et parents sur les différences de traitement entre filles et garçons, quand il s’agit de leur donner la parole, dans le cadre des activités sportives, ou encore interroger les clichés dans les histoires. Mais pour ceux qui s’y opposent, c’est une autre histoire : ce programme aurait pour but inavoué de bouleverser l’identité de nos bambins. Un tract diffusé à la rentrée préfigurait le mouvement actuel. On pouvait y lire : « L’école va inciter votre enfant dès 6 ans à choisir sa future orientation sexuelle : masculin, féminin, neutre, autre... »

« Antipédagogisme » et homophobie

Derrière la « Journée de retrait de l’école », une meneuse : Farida Belghoul - qui n’a pas à répondre à son propre mot d’ordre puisqu’elle a déscolarisé ses enfants depuis plusieurs années déjà. Cette ancienne militante antiraciste est désormais très proche du théoricien antisémite Alain Soral, lui même proche de Dieudonné. Plusieurs des signataires du "manifeste des intellectuels du peuple" qui accompagne la JRE appartiennent d’ailleurs à la mouvance d’Alain Soral. Et à l’image de Soral et Dieudonné, Farida Belghoul adopte aujourd’hui une posture de martyr. Elle aime conclure ses messages par ces mots : « Vaincre ou mourir ! » (...)

Dans Le Parisien, ces quelques mots d’un enfant témoignent de la malhonnêteté intellectuelle qui anime ce mouvement : « Maman m’a dit que les garçons allaient être déguisés en filles et les filles en garçons ». (...)

Les contre-vérités et amalgames portés par la JRE ont poussé la FCPE à réagir : « Ces mouvements vont jusqu’à affirmer que des cours d’éducation sexuelle avec démonstration auront lieu à la maternelle ! », s’inquiétait la fédération de parents d’élèves dans un communiqué le 24 janvier, dénonçant « la désinformation, l’entretien de la peur, le repli sur soi et la famille ». Le syndicat d’enseignants SNUipp en appelle au ministre face à cette « campagne mensongère et réactionnaire qui vise à effrayer les parents d’élèves ».

Le comité Inter LGBT dénonce lui aussi la diffusion de tracts et sms « nauséabonds » appelant à cette journée de retrait, qui indiquent par exemple que « l’éducation sexuelle prévue en 2014 en maternelle avec démonstration et apprentissage de la masturbation dès la crèche... »

Ce fantasme de la masturbation mériterait sans doute un travail psychanalytique en profondeur. On le retrouvait déjà à l’automne dans l’argumentaire de la « Fédération des Associations Familiales Catholiques en Europe » qui bataillait contre le rapport Estrela au Parlement européen : « le texte promeut une éducation sexuelle comprenant, entre autres, la masturbation dite "de petite enfance", dès 0-4 ans. »1, indiquait alors ce mouvement (Voir : "Guerre aux femmes" à la droite du Parlement européen).

Les racines du mouvement

On retrouve là, aussi, les arguments des groupes qui s’opposent à la diffusion du film Tomboy, accusé de faire la promotion de l’homosexualité (Voir : Polémique "Tomboy" : contre le cinéma pour tous). Et plus globalement les messages du « Printemps français », né de l’opposition au « mariage pour tous », dont la cheffe de file Béatrice Bourges est l’une des premières signataires du « manifeste des intellectuels du peuple » (sic) qui accompagne la JRE.

Le délire dans lequel s’enferment les opposants à cette « théorie du genre » fantasmée dure depuis plusieurs mois déjà. (...)

Ce mouvement n’est pas propre à la France. En Suisse des élus d’extrême-droite organisés en « comité de Protection contre la sexualisation à l’école maternelle et à l’école primaire » ont relancé en décembre une démarche d’initiative populaire contre un supposé projet de l’Office fédéral de la santé publique « visant à instaurer dans toute la Suisse des cours d’éducation sexuelle, et ce dès l’école maternelle ». Ces opposants suisses extrapolent en fait sur une expérience malheureuse menée dans le canton de Bâle en 2012 : un projet de "sex boxes" à destination des écoles avait fait polémique avant d’être rapidement enterré. Mais aujourd’hui, dans leurs documents, les contempteurs français de la "théorie du genre" laissent entendre qu’il est d’actualité. Désinformation, toujours...