
Selon une étude du Conseil d’analyse économique, les 20 % des ménages les plus modestes non seulement n’ont pas réussi à épargner plus que d’habitude entre mars et août, mais ils se sont même globalement endettés.
Le plan de relance, et après ? Alors que l’examen du projet de loi de finances (PLF) 2021, qui porte ces mesures, devait débuter lundi 12 octobre en séance à l’Assemblée nationale, l’aggravation de la crise sanitaire et ses conséquences pour les plus modestes relancent le débat sur la nécessité de nouveaux dispositifs sociaux. Pour en savoir davantage sur la manière dont les Français ont consommé et épargné depuis le confinement selon leur niveau de richesse, le Conseil d’analyse économique (CAE), un think tank rattaché à Matignon, devait publier lundi une étude détaillée, que Le Monde a pu consulter. (...)
Sa conclusion est sans appel : les 20 % de ménages les plus aisés ont thésaurisé 70 % de la croissance du patrimoine financier accumulé entre mars et août 2020. A l’inverse, les 20 % de Français les plus modestes, non seulement n’ont pas pu épargner davantage que d’habitude, et n’ont donc pas participé à la constitution du « bas de laine » souvent évoqué par les économistes et les pouvoirs publics depuis le printemps, mais encore, ils se sont globalement endettés sur la même période. « Les inégalités de revenus se voient directement sur le fait que les deux premiers déciles n’ont rien épargné, et n’ont pas de matelas en cas de choc », souligne Philippe Martin, le président délégué du CAE.
Plongeon « immédiat et très brutal »
« En moyenne, les pouvoirs publics ont plutôt bien préservé les revenus [grâce notamment au chômage partiel], mais il y a une énorme hétérogénéité entre les gens situés en bas et en haut de la distribution des revenus, à la fois en termes d’évolution des revenus et de l’épargne qu’ils ont pu accumuler pendant le confinement, complète Camille Landais, professeur à la London School of Economics, membre du CAE et coauteur de l’étude. Désormais la question va être : comment soutient-on les revenus de ceux qui sont le plus touchés par la crise ? » (...)