
Depuis 1991, les services de renseignement peuvent écouter sans entrave les échanges passés sur des réseaux sans fil. Une liberté risquée, peut-être sur le point d’être rabotée.
L’exception dure depuis plus de vingt ans : les espions français ont la possibilité d’écouter les communications sans fil (ou « hertziennes ») sans que personne n’ait rien à y redire. Mais l’open bar va peut-être bientôt fermer ses portes.
En cette matinée du 6 juillet, Edouard Crépey suggère qu’il serait bon de faire examiner cette « formule obscure » et « inchangée » depuis 1991, année qui a vu naître le fameux texte sur les écoutes et les interceptions administratives – toiletté en 2015 par la loi renseignement.
Dans la salle du contentieux du Conseil d’Etat, le magistrat a beau débiter arguments et jugements de référence à vitesse grand V, son avis est limpide : oui, le Conseil constitutionnel devrait jeter un œil aux doléances des « Exégètes amateurs ».
Des « exégètes amateurs » titillent la République
Militants pour un Internet libre et ouvert, ces « exégètes amateurs » doivent leur petit nom au sobriquet que l’actuel ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas réservait aux opposants à la loi renseignement.
Ils regroupent les usual suspects du secteur (La Quadrature du Net, l’opérateur associatif French Data Networks...) et ont pour manie, depuis la loi de programmation militaire de 2014 (qui musclait déjà le renseignement), d’essayer de défendre leur point de vue devant le Conseil constitutionnel. (...)
Ce mercredi, quatre questions prioritaires de constitutionnalités (QPC) de leur cru étaient au menu du Conseil d’Etat. Toutes visent à faire tomber l’article qui accorde l’impunité aux services de renseignement sur les échanges hors tuyaux. (...)
La décision du Conseil d’Etat sera connue dans les prochains jours. S’il récupère le dossier, le Conseil constitutionnel aura alors trois mois pour trancher.
Les exégètes, eux, se montrent plutôt confiants. En plus du plaidoyer rassurant du rapporteur, les Sages ont déjà dégommé un volet de la loi renseignement (sur la surveillance internationale), au motif qu’il n’était pas assez encadré. C’était il y a tout juste un an.