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Les gros sabots du Premier ministre
Article mis en ligne le 11 avril 2019

Le néolibéralisme, dont nos gouvernants sont de fervents adeptes, n’est donc pas seulement inégalitaire, il déchire ce qui fait la trame de nos vies en commun.

Comme Emmanuel Macron, « les Français » veulent donc moins d’impôts. Ils ont d’ailleurs renoncé à cette absurde demande de rétablissement de l’ISF qui avait égaré, un temps, certains d’entre eux. Et comme Emmanuel Macron, ils veulent moins de dépenses publiques et sans doute, par conséquent, moins de services publics. Ne sachant pas trop lesquels, ils s’encanaillent en réclamant « moins de dépenses militaires », mais ils n’ignorent pas qu’ils touchent là au sacré. Ils attendent donc sagement de savoir quel hôpital, quelle maternité, quelle école fera les frais de leur nouvelle passion pour la rigueur budgétaire. (...) Nous étions nombreux au début de ce long processus consultatif à flairer l’arnaque, mais avouons qu’on l’imaginait plus subtile. (...)

Comment en est-on arrivé là ? Il a fallu d’abord organiser la profusion, l’abondance des demandes contradictoires. Face à ce vaste cahier de doléances, il était assez évident que l’interprétation serait « libre ». Trop libre. À tel point que l’important n’était plus dans la nature des doléances, mais dans l’identité politique de celui qui prétendrait leur donner un sens. Lundi, le Premier ministre s’y est essayé sans trop de délicatesse. Il a donc commencé à faire rentrer le « grand débat » dans le carcan de sa politique néolibérale. (...) C’est au contribuable que l’on a demandé si, par extraordinaire, il ne souhaiterait pas, pour lui-même et ses proches, une baisse d’impôt. Le contribuable, pas le citoyen. Si bien que l’exaspération fiscale dont le Premier ministre a fait l’alpha et l’oméga de sa « restitution » risque fort de devenir rapidement le fameux « Not in my backyard » quand il faudra payer les conséquences de l’appauvrissement de l’État. Fermons les hôpitaux, d’accord, mais pas chez moi ! (...)

le citoyen veut la justice fiscale. Il veut l’ISF, la lutte contre l’évasion et la fraude, parce qu’il veut une autre répartition des richesses. Il ne demande pas au Premier ministre une « synthèse » de propositions incompatibles entre elles, mais des arbitrages qui rétabliraient des équilibres rompus. La différence est de taille. (..

Au passage, notons que l’arnaque à laquelle nous assistons se fait au détriment de l’impôt qui, lorsqu’il est juste, est l’instrument de toutes les politiques publiques. Y consentir est à la base de toute société. Le néolibéralisme, dont nos gouvernants sont de fervents adeptes, n’est donc pas seulement inégalitaire, il déchire ce qui fait la trame de nos vies en commun.