
L’Assemblée nationale a commencé à examiner le projet de loi concernant la lutte contre la manipulation de l’information ; ses dispositions sont particulièrement controversées et vivement critiquées par l’opposition car sous prétexte de pénaliser la diffusion de « fake news », de rumeurs infondées, de délires complotistes, elles représentent une vraie menace contre la liberté d’informer et une entrave supplémentaire pour tous les lanceurs d’alerte déjà visés par la loi sur le secret des affaires( Lire ici). Et cette loi, si elle est votée, ne résoudra en rien l’énorme problème que représentent la manipulation permanente et la fabrique du consentement qui sont pratiquées conjointement par le monde des affaires et le monde politique. Dans un monde dominé par l’argent, le marketing basé sur la mise sous influence et la manipulation des consommateurs potentiels est un des fondements du succès commercial, de la réussite financière, de la capacité d’influence, et finalement du pouvoir. Les exemples de tricheries, de falsifications, de rapports d’expertises bidonnés, émanant de grands groupes industriels ou de lobbies afin de tromper les acheteurs et gagner des parts de marché sont légion. Et que dire de nos hommes politiques qui sont financés et bien souvent mandatés par ces mêmes lobbies pour défendre leurs intérêts ?
Ce WE justement, les plus gros manipulateurs de l’information se sont réunis au Québec pour le traditionnel G7. A l’heure de l’accélération du réchauffement climatique, de l’augmentation des rejets de gaz à effet de serre, de l’effondrement de la biodiversité, les dirigeants des pays les plus riches de la planète ne semblent avoir qu’une seul obsession : soutenir la croissance mondiale pour le plus grand profit des transnationales.
Entre l’idéologie économique d’un climato-sceptique assumé comme Donald Trump et celle de prétendus défenseurs du climat comme Emmanuel Macron, la différence ne porte que sur les moyens à mettre en œuvre, l’objectif est le même : croître !
Le consensus n’est pas évident quand chacun, et notamment le plus gros et le plus influent, veut sortir gagnant de la compétition et accroître sa part du gâteau. Mais entre les velléités protectionnistes des uns et le libre-échangisme des autres, le climat n’a pas sa place.
En 1912, le commandant du Titanic naviguait dans des eaux dangereuses à plein régime mais au moins disposait-il de l’aval des experts de l’époque qui lui avaient assuré que son navire était insubmersible
Aujourd’hui, tous les experts indépendants du GIEC sont unanimes pour déclarer que nous rentrons dans une zone incertaine et dangereuse et que notre vaisseau commun ne peut plus supporter le même régime économique mais les capitaines du capitalisme financier n’en continuent pas moins à pousser les feux.
En régime libéral, la croissance est terriblement inégalitaire et destructrice de l’environnement mais les manipulateurs du G7, aidés par les médias dominants, tiennent, contre vents et marées, à entretenir le mythe d’une croissance bénéfique pour tous.
Jean-Luc Gasnier