Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Entre les lignes, entre les mots
Les murs clos de l’enfermement, les fenêtres ouvertes vers la liberté
Evelyne Bechtold-Rognon, Nathalie Caron, Michelle Olivier, Sonia Ollivier, Anaïs Vrain (coord.) : Une vraie alternative à l’enfermement des mineur·es : La liberté Institut de recherches de la FSU & Editions Syllepse
Article mis en ligne le 30 octobre 2018
dernière modification le 28 octobre 2018

Ce livre fait suite à un colloque tenu en janvier 2018 pour dégager des perspectives d’évolution afin de marginaliser l’enfermement.

Dans un premier texte, « Sortir de l’enfermement », sortir-de-lenfermement/ publié avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, Anaïs Vrain indique que « La courbe du nombre de mineur·es incarcéré·es n’a cessé de croître depuis le mois d’octobre 2016, atteignant en août 2017 le nombre record de 885 mineur·es détenu·es. La plupart des quarante-quatre quartiers pour mineur·es d’établissements pénitentiaires et des six établissements pénitentiaires pour mineur·es (EPM) sont saturés ». L’autrice parle, entre autres, d’augmentation massive de l’emprisonnement, de surpopulation carcérale pour les majeur·es, de l’incarcération de grands adolescents dans les conditions de détention des majeur·es, des placements dans les cinquante-deux centres éducatifs fermés, de l’augmentation des mesures de probation…

Même habillée par le terme « éducatif », l’inspiration carcérale et disciplinaire ne peut être considérée comme une action éducative.

Les évolutions législatives des dernières années ont « accru le contrôle et la pénalisation de nombreux comportements sans pour autant en distinguer les conséquences pénales sur les mineur·es ». L’autrice souligne qu’il faut se pencher « sur les conditions peu exigeantes qui permettent de prononcer des mesures de sûreté comme le contrôle judiciaire et la détention provisoire à l’égard des mineur·es », sur ce qui produit de l’enfermement.

« Notre ambition était de rendre chacun·e acteurs et actrices, chacun·e dans son rôle, chacun·e à sa place, avec les outils dont il·elle dispose dans ses pratiques professionnelles et dans sa capacité de transmission et de partage, afin de réfléchir au sens que revêt l’action éducative et les besoins des enfants et des adolescent·es pour s’épanouir au sein de la société ». (...)

Il ne peut y avoir d’incarcération sans les inconvénients de la prison ; le reflex répressif envers des mineurs ne peut avoir que des effets négatifs ; l’enfermement conduit à l’infantilisation, ce qui ne peut être que contradictoire avec l’idée d’éducation (...)

à la privation de liberté, la prison ajoute la privation de l’intimité ; le droit du travail ne s’applique pas dans les lieux pénitenciers ; la prison est une institution totale, elle n’a pas d’« autre finalité que de maintenir sa pérennité, au détriment des individus qu’elle accueille » ; les effets de la gestion privée ; les centres éducatifs fermés et les processus de carcéralisation, les pratiques de contention pour maintenir l’« ordre », le recours à la force, la contrainte probatoire et le possible envoi en prison ; l’influence de la prison par-delà ses propres murs ; le théâtre forum comme déclinaison du théâtre de l’opprimé d’Augusto Boal… (...)

Dans la seconde partie, les auteurs et autrices interrogent : « Qui enferme-t-on et dans quelles conditions ? ».

« la multiplication des sources de pénalisation, visant de nombreux comportements juvéniles, un recours accru au fichage des jeunes, des pratiques judiciaires poreuse à un air du temps répressif, une fragilisation de la spécialisation de la justice des mineurs, des services de milieu ouvert saturés… »

L’absence de moyens, l’extension de la garde à vue aux mineur·es, les incarcérations à titre préventif, « la logique de prévention a clairement pris le pas sur la logique de prévention », les murs dressés devant certain·es jeunes, le(s) droit(s) des mineur·es, l’enfermement des mineur·es isolé·es étranger·es, « les jeunes filles incarcérées sont majoritairement de nationalité roumaine, serbe et bosniaque », le déni du statut de victime et l’absence de protection de ces jeunes filles exploitées par des réseaux criminels, les conditions d’incarcérations des mineures, les mineur·es dans des affaires terroristes, « L’enfermement ne permet pas à ces jeunes de pouvoir être autrement que ce dans quoi on les enferme »… (...)

Le titre de la dernière section, indique bien une voie plus émancipatrice : « Hors-les-murs ».

« Nos organisations, à initiative du colloque, militent contre l’enfermement des adolescent·es sous toutes ses formes, y compris dans les centres éducatifs fermés »

La nécessité d’équipes éducatives pluridisciplinaires, l’accueil des adolescent·es les espaces de parole, le passage à l’acte comme symptôme, la singularité de chaque histoire, les surenchères de violence, le manque de moyens de la justice des enfants, le refus de la violence institutionnelle, la taule comme milieu criminogène fermé sur lui-même, la politique sécuritaire fermant des écoles et ouvrant des prisons, les luttes contre les discriminations, la liberté comme alternative…